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Tribune de la minorité
Tribune : Le Père Lionel est une ordure
Le gouvernement avait promis une "ristourne" aux travailleurs du bas de l'échelle en supprimant la CSG pour les salaires inférieurs ou égaux à 1,4 fois le Smic. Le Conseil Constitutionnel a annulé cette mesure censée toucher 9 millions de salariés et représenter un gain de 540 F mensuels pour les smicards (étalé sur 3 ans) - sous le prétexte qu'elle serait "contraire à l'égalité devant l'impôt".
La CSG, destinée à combler le déficit de la Sécurité Sociale et payée par tous sans exclusive, avait été inventée par un précédent gouvernement de gauche, celui de Rocard. Elle avait sérieusement alourdi la note pour les travailleurs. Et cela après que les gouvernements - de gauche comme de droite - refusant depuis des années de faire payer les patrons, leurs aient au contraire accordé des baisses de charges sociales et des subventions en tous genres.
Le gouvernement Jospin, au moment où un certain recul du chômage remplit à nouveau les caisses de protection sociale et grossit la "cagnotte" de l'Etat, craint une montée des luttes pour l'augmentation des salaires. C'est pourquoi, dans le cadre du budget pour 2001, il avait prévu cette mesure... en compensation de nouveaux cadeaux fiscaux aux riches, comme l'abaissement des tranches supérieures de l'impôt sur le revenu. L'objectif étant aussi de se substituer au patronat pour lui éviter d'avoir à payer une amélioration du pouvoir d'achat des salariés.
Malgré ce désir de faire plaisir aux patrons et aux riches par une mesure démagogique, en apparence favorable aux bas salaires, la décision gouvernementale n'a pas obtenu les bonnes grâces du Conseil Constitutionnel. Cet organisme, au-dessus du suffrage universel - ses membres étant désignés par les plus hautes instances de l'Etat, et qui penche à droite - n'a bien sûr pas considéré qu'abaisser les impôts pour les plus riches pouvait être "contraire à l'égalité devant l'impôt". Pas plus que de continuer à subventionner le patronat pour les prétendues 35 heures, prétexte à bloquer, voire à diminuer les salaires pendant que la flexibilité et la précarité augmentent. Mais le Conseil Constitutionnel a en plus annulé "l'écotaxe" qu'auraient du payer les entreprises sur leurs activités polluantes, destinée, du moins officiellement, à financer les baisses de charges patronales accordées au titre des "35 heures".
C'est pourtant pour défendre les intérêts des patrons que Jospin gouverne. Nous l'avons bien vu lorsqu'il a entériné le "Pare", cette invention du Medef visant à forcer les chômeurs à accepter n'importe quel emploi à n'importe quel prix.
Le Medef, encouragé, s'en prend maintenant à la retraite à 60 ans. Dans son projet, il ne veut prendre en compte que le nombre d'années de cotisation et non plus l'âge des salariés. But déclaré : 45 années de cotisation et l'âge minimum de la retraite à 65 ans! Les travailleurs du privé sont déjà passés de 37,5 annuités à 40, et la gauche au gouvernement projette d'imposer ce même régime aux salariés du public.
Reculer l'âge de départ à la retraite, aboutirait en réalité à baisser le montant des pensions. Avec la précarité et le chômage actuels, peu d'entre nous réussiraient à accumuler les annuités nécessaires. Sans compter que les patrons s'empressent de remplacer les plus âgés par des jeunes pour augmenter la productivité, et cela avec des plans de préretraites gracieusement financés par l'Etat.
Voilà pour les cadeaux de fin d'année que patrons et gouvernement font aux travailleurs. Ils méritent bien que nous leur fassions nous aussi nos cadeaux en retour. En préparant pour la nouvelle année une offensive générale :
Pour une augmentation des salaires d'au moins 1 500 F ou 2 000 F ; pour des embauches et la suppression de la précarité avec une vraie diminution du temps de travail sans flexibilité ; pour le maintien des retraites et des autres acquis.
Ce sont les voeux que nous vous présentons, afin que 2001 soit une bonne année pour tous les travailleurs!
(Editorial des bulletins l'Etincelle du 2 janvier 2001 publiés par la Fraction)