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Leur société
Le gouvernement et les "minima sociaux"
Au 1er janvier, le gouvernement a revalorisé ce qu'il appelle les "minima sociaux". Il affirme les avoir augmentés du même taux que l'inflation. Autrement dit, les pauvres... le restent au moins autant qu'avant.
En fait, c'est là une aumône qu'a lâchée le gouvernement. Elle tourne autour de 50 F mensuels pour des minima qui n'ont rien de social car ils sont si minimes que la plupart de ceux qui les perçoivent ne dépassent même pas ainsi ce que l'Insee (Institut national de la statistique) considère comme le seuil de pauvreté, soit 3 500 F par personne.
Et il s'en faut de beaucoup. Même après cette "augmentation" façon Jospin, parmi le million de RMIstes, le célibataire ne touchera que 2608,50 F par mois. Ce sera pratiquement la même chose pour un demi-million de chômeurs en fin de droits ne recevant que l'ASS, allocation spécifique de solidarité (2613 F). Mais cela n'empêche pas hommes politiques et représentants du patronat de parader devant les micros et les caméras en se gargarisant de ce qu'ils appellent la reprise alors que les mêmes distribuent une aumône aux laissés-pour-compte.
Il suffit de rappeler qu'en 1988, quand le RMI a été lancé, il était présenté comme une aide au retour à l'emploi, le "I" du sigle étant censé promettre une "insertion" dans le monde du travail. Mais pour de plus en plus de sans-emploi, jeunes ou moins jeunes, si insertion il y a, elle est surtout dans un dénuement qui n'a rien de provisoire. Et si l'on dénombrait 300 000 RMIstes en 1988, on en compte maintenant 993 300 : plus qu'un triplement en douze ans.
Aux titulaires du RMI ou de l'ASS, il faut ajouter les allocataires de divers autres minima sociaux (3 295 F pour l'allocation de parent isolé, 3 576 F pour celle d'invalidité ou d'adulte handicapé, 3 654 F pour le minimum vieillesse...). Au total ce sont 6 millions de gens (3,3 millions d'adultes et leurs enfants), soit un dixième de la population, qui en sont réduits à une vie au minimum.
Mais, apparemment, cela n'émeut pas ce gouvernement de la gauche plurielle, qui se dit si fier de son bilan, alors que dans un des pays les plus riches de la planète tant de gens doivent vivre, ou plutôt survivre, avec si peu.