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Leur société
IUFM Toulouse - Formation des maîtres : Une incurie consternante !
L'IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) est chargé de préparer aux concours de recrutement des enseignants du primaire, du secondaire et du technique, puis de former en un an ceux qui ont réussi ce concours. Cet établissement est donc tributaire des décisions du ministère de l'Education nationale en matière de recrutement des enseignants.
Or le corps des enseignants connaît un véritable "papy-boom", et tout l'enseignement est confronté au renouvellement massif des enseignants. En particulier 50 % des postes du premier degré devront être renouvelés d'ici 2010. Or tout se passe comme si le ministère découvrait aujourd'hui la pyramide des âges et le fait que, arrivés à l'âge de la retraite, les enseignants devaient être remplacés.
Il y a plusieurs années que ministère et rectorat recrutent bien en dessous des besoins réels. L'année dernière, environ 15 000 instituteurs sont partis en retraite au niveau national, et seulement 9 500 ont été recrutés au concours sur liste principale. Ce choix délibéré conduit à l'ouverture précipitée de listes complémentaires pour boucher les trous. Mais si ces recrutés de dernière heure sont heureux de trouver le travail qu'ils souhaitaient, ils sont par contre envoyés devant les élèves sans formation aucune.
Et maintenant que la situation est devenue telle qu'il faut recruter plus, le ministère ouvre un peu plus les vannes... mais sans que les moyens matériels et humains suivent pour absorber cette arrivée massive. Au point que, dans certaines académies, il est matériellement impossible de mettre en place la rentrée 2001-2002. C'est le cas à l'IUFM de Toulouse où, comme dans la plupart des autres centres, les conditions de formation se sont régulièrement dégradées pour devenir absolument insupportables, au point que sans des moyens d'urgence, la rentrée prochaine 2001-2002 est impossible.
C'est dans le site qui s'occupe du premier degré que la situation est la plus catastrophique. Il y a actuellement 1 700 étudiants et stagiaires sur un site qui accueillait des promotions de 50 normaliens aux beaux temps de l'Ecole normale. Toutes les salles ont été réquisitionnées pour faire cours : plus de cafétéria, plus de Centre de documentation, plus de salles d'étude, et un restaurant de 120 places!
C'est dans ce site déjà au bord de l'implosion que les promotions de professeurs des écoles semblent maintenant devoir doubler tous les ans : 100 en 1998-1999, 132 en 1999-2000, 215 cette année, et de 360 à 420 pour l'année prochaine. Pour cette année, l'obligation de travailler à moyens constants en locaux, et quasi constants en formateurs, a conduit à bricoler une organisation exotique, avec des plages de cinq heures de travail de 8 heures à 13 heures le matin pour les uns, et de 13 heures à 18 heures l'après-midi pour les autres. La voie est libre pour une équipe de nuit l'année prochaine!
Si la situation est insupportable cette année, la rentrée prochaine sera tout simplement impossible, sans les solutions d'urgence que ministère et rectorat ne veulent manifestement pas prendre. Pour faire face à l'accroissement de stagiaires, il faudrait embaucher 20 formateurs, rien que pour le primaire et rien que pour la Haute-Garonne : il est prévu d'en recruter un! Quant aux locaux, un minimum de douze salles est indispensable.
L'année dernière, les enseignants de Haute-Garonne ont pris leur part dans le mouvement des enseignants. C'est dans le premier degré que celui-ci a été le plus puissant avec une forte minorité qui a fait trois semaines de grève reconductible. Ils réclamaient la création de 1 000 postes, le département étant déjà largement en déficit, et la suppression de la liste complémentaire.
A l'IUFM de Toulouse, une journée de grève totale a été organisée, mercredi 6 décembre, sur le site qui s'occupe du premier degré, avec une assemblée générale d'environ 600 personnes et la rédaction d'un "cahier de doléances" le matin et diverses actions de popularisation l'après-midi. Une manifestation a eu lieu jusqu'au rectorat, où une délégation a été reçue. Le chef de cabinet de la rectrice (qui était absente) a affirmé sans rire être au courant du problème, a reconnu que les chiffres présentés par la délégation étaient incontestables et qu'il ferait son possible pour faire avancer le dossier...
Un collectif regroupant formateurs et stagiaires s'est constitué à cette occasion et a profité d'une réunion du conseil d'administration (CA) de l'IUFM pour s'y imposer et y faire une intervention. Il a été notamment exigé du CA qu'il vote une déclaration réclamant le déblocage de moyens d'urgence pour que la rentrée prochaine puisse avoir lieu. Le CA a suivi les recommandations de la délégation, par un vote quasi unanime, mais à vrai dire plus symbolique qu'efficace.
Et c'est vrai que le ministère et le rectorat ne peuvent plus faire mine d'ignorer le problème et surtout que le sentiment d'exaspération est à son comble. Il est vraiment insupportable à de plus en plus d'enseignants et de stagiaires de voir le ministre Lang faire de grandes déclarations démagogiques - sous l'oeil attendri des directions syndicales -, alors que dans la réalité rien n'est mis en place pour permettre ne serait-ce qu'un fonctionnement normal. Il ne sera peut-être pas toujours possible de traiter ainsi les gens par le mépris.