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Leur société
Éducation nationale : Les rafistolages de Lang
Ces dernières semaines, les mouvements de grève se succèdent en région parisienne. Dans nombre d'établissements, la coupe est pleine et le ras-le-bol généralisé. Les grèves éclatent souvent suite à des problèmes de violence qui se multiplient en cette fin de trimestre. Ici ou là, en catastrophe, l'Education nationale colmate les brèches mais les problèmes demeurent. Et les discours lénifiants de Lang n'y changent rien.
Les grèves ont touché des collèges ou lycées de Paris suite à des actes de malveillance (incendies de poubelles au lycée Balzac) ou des agressions diverses (collège Mallarmé ou lycée Voltaire). Les journaux se sont montrés surpris que cette violence, qu'ils pensaient confinée à certaines communes de banlieue, atteigne des établissements parisiens. Pourtant, rien d'étonnant à cela. Il y a certes quelques lycées renommés du centre de Paris et quelques autres où les incidents sont rares. Mais de plus en plus de lycées et de collèges parisiens (et pas seulement dans le XVIIIe, le XIXe ou le XXe arrondissement) connaissent des problèmes analogues à ceux des établissements dits «sensibles» de certaines banlieues «difficiles». L'an dernier déjà de nombreuses grèves avaient eu lieu dans des collèges parisiens pour exiger des moyens supplémentaires face aux difficultés grandissantes (collèges Françoise-Dolto ou Robert-Doisneau).
Jack Lang avec son discours pseudo-consensuel brasse du vent en n'accordant quasiment pas de moyens susceptibles de régler les problèmes. Pourtant les difficultés grandissent dans certains établissements. La situation y est explosive, à la limite du gérable : actes de malveillance, dégradations, intrusions, insultes, menaces, lacrymogènes et même, comme cela s'est vu au lycée Georges-Braque d'Argenteuil, inscriptions à caractère antisémite. Sans compter les sureffectifs dans les classes où le manque d'encadrement pèse sur les conditions de travail des personnels et, en même temps, sur la qualité de l'enseignement.
Jack Lang connaît parfaitement tout cela. Mais il n'a visiblement donné qu'une seule consigne aux inspections académiques : «Évitons les vagues», «cédons vite sur des demandes ponctuelles pour désamorcer au plus vite les conflits mais ne lâchons rien sur l'essentiel». Du coup bien des établissements ont obtenu ici ou là quelques postes supplémentaires en une ou deux journées de grève. Au lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers deux postes, un poste d'agent de service et un poste de CPE (conseiller principal d'éducation) que l'administration considérait comme «provisoires» ont même été transformés en poste «définitifs» après... quatre heures de grève ! Au lycée Balzac de Paris, deux postes de surveillants ont été cédés sur les six qui étaient réclamés. Au lycée Voltaire, toujours à Paris, visiblement le Rectorat avait pour consigne de céder au plus vite et d'éviter l'extension d'une grève dont les télévisions et les journaux ont largement rendu compte et qui posait clairement le problème des moyens. Résultat, après quelques jours de grève, cinq postes de surveillants, un poste d'agent de service, un de conseiller d'éducation et un de médecin scolaire étaient obtenus.
Allègre montrait les dents (qu'il a fini par se casser). Jack Lang, lui, fait le dos rond. Il pense que colmater ici et saupoudrer là suffiront à faire oublier l'essentiel. A croire que, dans la galerie, Lang voudrait se faire plus âne que le mammouth ! Il a fallu mettre au pas le premier, une leçon que son successeur n'a pas eu l'air de comprendre...