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Tunisie : L’ami de la france, ben ali, fait régner le silence
Vendredi 8 décembre plusieurs centaines de policiers sont intervenus à Tunis pour empêcher la tenue d'une réunion organisée par le Conseil national pour les libertés en Tunisie à l'occasion du deuxième anniversaire de la création de cette association. En juillet son porte-parole avait été renvoyé de son poste d'enseignant à la faculté de médecine de Sousse ; le 16 décembre il doit comparaître en justice et risque une peine allant jusqu'à 20 ans de prison.
Parallèlement, depuis fin novembre, soit quatre semaines après la tenue de son congrès, la Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme (LTDH) a été mise sous administration judiciaire, jusqu'à l'examen d'une plainte, fixé au 25 décembre. Quatre membres de la Ligue, dont deux sont militants du parti au pouvoir, ont porté plainte contre la direction de la LTDH pour «irrégularités dans le scrutin» après que leurs candidatures n'ont pas recueilli les faveurs de l'assemblée élective. Bien évidemment le gouvernement a nié toute implication dans cette histoire, déclarant via le ministère des Droits de l'homme et de la Communication : «Les autorités tunisiennes souhaitent que les véritables amis de la Tunisie et l'opinion publique d'une façon générale ne se laissent pas duper par des campagnes épisodiques menées par des professionnels du dénigrement. Les droits de l'homme font partie des choix majeurs de la politique du président Ben Ali, la LTDH est un acquis national qu'il convient de préserver de toute atteinte à son indépendance d'où qu'elle vienne.» De grands mots ronflants comme du vent, qui suffisent en général à contenter le véritable ami de Ben Ali que constitue le gouvernement français, qu'il soit composé de politiciens de droite ou de gauche.
Ben Ali peut continuer à bâillonner la presse et toute forme de liberté d'expression, à envoyer sa police frapper, intimider les opposants qui se voient systématiquement retirer leur passeport et couper leur ligne téléphonique, voire condamner à de lourdes peines de prison après avoir subi les sévices des hommes de main du pouvoir. L'important c'est que les affaires des riches tunisiens et des capitalistes français puissent continuer à prospérer sur le dos d'une population enchaînée à la pauvreté et, dans ce domaine, Ben Ali satisfait au mieux ses protecteurs.