Il y a deux ans Martine Aubry, alors encore ministre de l'Emploi, avait décidé que les médecins devaient porter par écrit le motif des arrêts maladie qu'ils délivraient sur les deux premiers volets du formulaire de la Sécurité sociale. Depuis, la majeure partie des médecins soutenus par leurs syndicats négligent systématiquement de remplir cette partie du formulaire, au nom notamment du respect du secret médical.

La Caisse nationale de l'assurance maladie (CNAM) a récemment jugé utile, par une circulaire, de rappeler les médecins à l'ordre. La CNAM n'espère peut-être pas être plus entendue que la ministre il y a deux ans, les médecins pouvant très bien et à juste titre envoyer cette circulaire comme ses soeurs précédentes à la corbeille à papier. Mais plus simplement, il s'agit sans doute de faire croire à l'opinion que les problèmes financiers passés et futurs de la Sécurité sociale seraient liés au trop grand nombre d'arrêts maladie «de complaisance».

Pour le gouvernement et les organismes sociaux qui en dépendent, il est plus naturel, pour faire face aux «trous» répétitifs de la Sécu, de tenter d'intimider les médecins et de culpabiliser les patients au détriment de leur santé que d'imposer au patronat et aux actionnaires des grosses sociétés une hausse conséquente et généralisée des salaires, et du coup des cotisations sociales qui en découlent. Ce serait pourtant la seule solution réelle à ce problème.