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- Lutte ouvrière n°1690
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Leur société
GDF, CNR, EDF : Ouverture du capital, concurrence et privatisation
Il y a quelques mois, le secrétaire d'Etat à l'Industrie déclarait qu'il n'était pas question d'ouvrir le capital de Gaz de France. Eh bien, c'est maintenant en voie de se faire. Mais, par prudence, le gouvernement attendra probablement les élections municipales pour proposer officiellement le projet.
Sous prétexte de développer GDF « en amont », c'est-à-dire de lui permettre de devenir producteur de gaz naturel (alors qu'actuellement il doit quasiment tout acheter), l'entreprise publique serait associée au secteur privé. Il est question de TotalFinaElf, du norvégien Statoil, et de l'italien ENI. Le secteur privé resterait minoritaire et GDF deviendrait une société anonyme publique, comme France Télécom. Qu'est-ce que les usagers y gagneront ? Probablement rien, au contraire sans doute. En revanche, les multinationales du gaz et du pétrole (ce sont les mêmes) regardent depuis longtemps avec envie le réseau de distribution de Gaz de France.
Autre entreprise d'Etat, même évolution : la Compagnie Nationale du Rhône devrait être associée à des partenaire privés.
La CNR dont la vocation n'était pas seulement de fabriquer de l'électricité, mais aussi la navigation et l'irrigation, est une entité distincte d'EDF. Mais en fait les 18 centrales hydroélectriques de la CNR ont été construites pratiquement par EDF, exactement comme la plupart des autres, et le courant est distribué jusqu'à présent par EDF.
Il y a quelques années il avait été question de céder la CNR à Péchiney, mais le projet n'a pas eu de suite. Cette fois c'est l'ouverture du marché de l'électricité à la concurrence qui sert de prétexte : c'est que maintenant la CNR devient une entreprise concurrente d'EDF! Et pour vendre son courant, il est prévu une société de commercialisation, Energie du Rhône, détenue à 51 % par la CNR et à 49 % par Electrabel, elle-même filiale de Suez-Lyonnaise des Eaux. La production d'électricité continuerait à rester à 100 % CNR, c'est-à-dire publique... pour le moment.
Seulement il y avait un problème : bien que les installations de la CNR soient amorties depuis longtemps, le kilowatt y coûtait 16 centimes contre 14 centimes pour celui d'EDF. Tant pis pour la CNR pourrait-on dire, c'est la loi du marché. Eh bien, le gouvernment a discrètement réduit de 2 centimes la fiscalité sur les kWh de la CNR... qui ont été transférés sur ceux d'EDF. C'est pas un cadeau ça ? Et qu'on ne vienne pas dire que c'est « l'Europe » qui en est responsable!
Certes, la CNR ne produit que 4 à 5 % du courant du pays, et c'est relativement marginal, mais cela indique la tendance.
Quant au géant EDF, officiellement il n'est pas question d'y toucher. Certes le seuil de la concurrence a été abaissé, mais cela ne modifie en rien le statut d'EDF entreprise d'Etat.
Il faut dire qu'EDF a encore une centaine de milliards de dettes. La privatiser partiellement ou totalement reviendrait à privatiser ces dettes. Mais EDF, qui a cessé de construire de nouvelles centrales, se désendette assez rapidement. Et dans quelques années, cela sera sans doute chose faite.
Suite à la tempête et aux énormes destructions de décembre dernier, EDF a dû faire des frais imprévus et a proposé de retarder son désendettement. Le gouvernement lui a alors imposé de maintenir le plan de désendettement prévu, et EDF en a été réduite à vendre à des banques des créances (pour un montant de 13 millliards) ce qui revient en gros à faire un emprunt aux banques. Mais pourquoi cette exigence du gouvernement qui n'a pas voulu tenir compte du cas de force majeure de la tempête ? Ne serait-ce pas pour qu'EDF soit privatisable à la date prévue, celle où elle n'aura plus de dettes ?
Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a toutes les raisons de ne rien croire des déclarations officielles sur le maintien d'EDF entreprise d'État!