Vietnam : Quand Clinton fait la morale aux victimes de l’armée US24/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1689.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Vietnam : Quand Clinton fait la morale aux victimes de l’armée US

Clinton vient d'effectuer une visite de trois jours au Vietnam, la première d'un président des Etats-Unis depuis le départ précipité des troupes américaines de ce pays, il y a plus de vingt-cinq ans.

De 1946 à 1975, pendant trente ans, le peuple vietnamien a subi la guerre de façon pratiquement ininterrompue. D'abord, ce fut de la part de l'impérialisme français. Après la déroute de ce dernier en 1954 et l'indépendance du Nord, l'impérialisme américain prit la relève pour soutenir les gouvernements fantoches du Sud-Vietnam. De 1965 à 1973, ils intervinrent directement. Il y eut sur place jusqu'à plus de 500 000 soldats américains, à la fin démoralisés eux-mêmes par la guerre odieuse qu'on leur ordonnait de mener. Toute la région fut pilonnée par les sinistres bombardiers B52. Le Vietnam reçut l'équivalent des deux tiers des bombes tombées sur l'Europe entière durant la Seconde Guerre mondiale. Pour les dirigeants américains, il n'était pas question que de nouveaux pays leur échappent. Il fallait, disaient-ils, "endiguer" la progression du communisme. Mais ils ne purent vaincre et durent quitter piteusement le Vietnam, qui fut réunifié sous la direction du PC vietnamien.

Si près de 60 000 soldats américains y moururent, les guerres coloniales, française puis américaine, firent plus de trois millions de victimes du côté vietnamien. Aujourd'hui encore, des zones entières restent anéanties par les bombardements et les destructions chimiques qu'elles subirent alors. Chaque année, des milliers de personnes meurent encore en sautant sur des mines. Il resterait actuellement près de 300 000 tonnes de munitions non explosées. Des enfants naissent mal-formés, conséquence de l'utilisation durant la guerre de produits chimiques hautement toxiques.

"Ces sacrifices partagés ont donné à nos deux nations des relations sans parallèle", a déclaré sans honte Clinton. Voilà les seuls mots qu'il a trouvés, loin de tout regret et de toute sollicitude pour les victimes de ses prédécesseurs. Quant à l'aide à apporter au Vietnam pour lutter contre les conséquences durables de la guerre, il n'en est pas question, hormis quelques broutilles. Car Clinton n'est pas allé au Vietnam pour cela, mais bien pour faire la morale au gouvernement vietnamien et préconiser une orientation plus libérale de la politique et de l'économie vietnamiennes.

Les dirigeants vietnamiens tentent de panser les plaies de la guerre et de développer la production par le contrôle de l'économie par l'Etat. Mais qu'un marché potentiel d'un pays de 80 millions d'habitants échappe à la convoitise des industriels et autres capitalistes, c'est cela qui émeut Clinton, plutôt que tous les sacrifices, passés et présents, du peuple vietnamien, dont il n'a que faire.

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