Fonderies du Poitou - Ingrandes (86) : À eux la reprise... à nous les accrocs !03/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1686.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou - Ingrandes (86) : À eux la reprise... à nous les accrocs !

Le week-end des 21 et 22 octobre, six ouvriers tous intérimaires - ont été victimes d'accidents au secteur aluminium. Trois de ces ouvriers ont dû être hospitalisés après avoir été exposés au diméthyléthylamine (DMEA), un produit dangereux utilisé dans la fabrication des noyaux en sable, que deux d'entre eux ont inhalé, tandis que le troisième en était carrément aspergé.

Les syndicats dénoncent régulièrement les risques liés à l'utilisation du DMEA, risques auxquels nous sommes exposés tant lors du remplissage des bonbonnes que lors de leur utilisation ou de leur transport. Mais évidemment, la direction préfère nous laisser courir tous les risques que d'engager les investissements qui permettraient de les réduire.

On a même frôlé la catastrophe, du fait que l'installation sur laquelle s'est produite la fuite se trouve à quelques mètres seulement d'une machine à mouler. La chaleur dégagée par cette dernière a enflammé l'amine qui s'était répandue provoquant un incendie qui aurait pu avoir de graves conséquences.

La semaine précédente, c'est à la Fonte qu'un ouvrier avait été renversé par un Fenwick et blessé, dans des circonstances où la responsabilité de la direction est clairement engagée : chariot non adapté, signalisation défectueuse, encombrement des allées empêchant toute visibilité.

Le problème des accidents en fonderie n'est certes pas nouveau. Mais ces derniers temps, on bat vraiment tous les records. Comment s'en étonner quand on voit à quel point la productivité a augmenté

Le PDG se vantait récemment dans la presse locale de ce que, depuis 1997, la production a presque doublé de volume dans l'usine d'Ingrandes. Pour l'année 2000, la production de carters atteindrait 83 000 tonnes, en progression de 8 000 tonnes sur l'année précédente. Quant à la production de culasses, elle serait de 18 000 tonnes, en progression de 3 000 tonnes.

En somme, pour la production, c'est la reprise, et pour les profits ça tourne rond. Mais pour nous, cette reprise se traduit par une dégradation incessante des conditions de travail, et une aggravation considérable de la précarité : sur un peu plus de 1 700 salariés, les Fonderies comptent une cinquantaine de CDD et plus de 620 intérimaires.

Formés à la va-vite, sous la pression permanente de l'encadrement, il n'est pas étonnant que les intérimaires soient les premières victimes des accidents de travail.

Le sort de ces camarades, de même que les salaires et les conditions de travail, voilà autant de questions que nous ne tarderons peut-être pas à mettre sous le nez des patrons, en regard des tonnages de carters et de culasses, et des profits qui vont avec, et dont ils se gargarisent tant !

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