Côte-d'Ivoire : Une sanglante course pour le pouvoir03/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1686.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : Une sanglante course pour le pouvoir

Après la brève tentative de coup de force du général Gueï, c'est finalement Laurent Gbagbo qui est sorti vainqueur de l'élection présidentielle du 23 octobre en Côte-d'Ivoire.

Son élection, contestée par les principaux partis d'opposition dont les candidats - 14 sur 19 - avaient été évincés, s'est immédiatement accompagnée de violences ethniques dont les principales victimes ont été les partisans d'Alassane Ouattara et, au-delà, les ressortissants des provinces du nord et les populations de confession musulmane, principalement les Dioulas.

Cette chasse aux " étrangers ", aux " Burkinabés ", organisée par les partisans de Gbagbo et une partie de l'armée, avait été longuement préparée par la junte au pouvoir et ses alliés. Pour mieux évincer Ouattara, leur plus dangereux rival, ils avaient fait de la démagogie xénophobe et du slogan " la Côte-d'Ivoire aux Ivoiriens " un de leurs principaux arguments électoraux.

Le bilan de ces violences n'est pas encore chiffré, mais la presse a déjà fait état de plusieurs charniers dans la banlieue d'Abidjan et d'au moins 150 morts, sans parler des centaines de blessés et des nombreuses maisons incendiées.

Aujourd'hui, aussi bien Gbagbo que Ouattara se disent partisans d'un retour au calme et vouloir éviter que le pays ne sombre dans la guerre civile. Mais l'un et l'autre ont tout fait pour envenimer la situation, cultiver et exacerber les tensions ethniques afin de trouver des appuis, des masses de man.uvre pour leurs ambitions politiques. Et du Rwanda au Liberia, en passant par la Sierra Leone, on sait dans quel sanglant chaos cette éc.urante démagogie a mené bien des pays d'Afrique.

Quant à l'impérialisme, et plus particulièrement l'impérialisme français, il porte une lourde responsabilité dans ces sanglants événements. Car c'est la colonisation qui a imposé des frontières aussi absurdes qu'artificielles aux populations de la région. C'est encore l'impérialisme qui, pour les besoins de ses grandes plantations de cacao et de café, ainsi que de ses industries, a déplacé en nombre certaines populations. C'est lui qui a fait de l'actuelle Côte-d'Ivoire un pays où se côtoient une soixantaine d'ethnies et dont un tiers des habitants est originaire de pays voisins tels le Burkina-Faso et le Mali. Quant aux tensions actuelles, elles sont aussi le résultat d'une situation économique catastrophique dans laquelle les trusts français, comme Bouygues, Bolloré et beaucoup d'autres, ont une large responsabilité.

Et le gouvernement français s'est fait le complice de cette situation, fermant les yeux devant toutes les exactions qui se sont déroulées pendant la préparation des élections et cautionnant cette parodie de démocratie.

Partager