- Accueil
- Lutte ouvrière n°1686
- Côte-d'Ivoire - Gbagbo : Un passé d'opposant, mais surtout d'opportuniste
Dans le monde
Côte-d'Ivoire - Gbagbo : Un passé d'opposant, mais surtout d'opportuniste
Bien qu'il se présente comme un "homme neuf ", Laurent Gbagbo est un vieux routier de la vie politique ivoirienne.
Certains l'ont qualifié d'" opposant historique ", faisant allusion au fait que dans les années 1970, ce professeur d'histoire-géographie s'était insurgé contre le régime du parti unique d'Houphouët-Boigny, ce qui lui valut plusieurs années de prison en Côte-d'Ivoire puis de connaître l'exil en France où il rencontra les dirigeants du Parti Socialiste, alors au pouvoir.
Il ne put regagner son pays qu'en 1988, date à laquelle il participa à la création du Front Populaire Ivoirien (FPI). L'heure était alors au multipartisme et il fut élu député en 1990. La même année, il participa à la première élection présidentielle dans laquelle il fut crédité de 18 % des voix.
Bien qu'il se présente comme un " progressiste " et un " démocrate ", Gbagbo est surtout un opportuniste. Ses prises de position et ses revirements successifs sont dictés par ce qu'il croit être bon pour sa carrière et ses intérêts du moment. Ainsi en 1995, le FPI conclut une alliance avec le RDR d'Alassane Ouattara, baptisée " Front Républicain ", front qui devait voler en éclats après le renversement de Konan Bédié en décembre 1999. Le FPI de Gbagbo s'allia alors avec l'ancien parti unique, le PDCI de Bédié, au sein d'un " Front patriotique ". Pourtant, lorsque le 6 octobre dernier, le général Gueï et la Cour suprême ivoirienne décidèrent d'éliminer de l'élection présidentielle les candidats du PDCI (dont Bédié) et Ouattara, Gbagbo se garda bien de protester contre cette mesure arbitraire ; certains le soupçonnent même d'avoir passé un pacte avec Gueï pour écarter leurs adversaires les plus dangereux dans la course à la présidence.
Opportuniste, Gbagbo est aussi et depuis longtemps un nationaliste et un xénophobe. Il n'a jamais hésité à mettre en avant son appartenance au groupe des Bétés, une ethnie vivant depuis des siècles dans les régions du centre-ouest, afin de se présenter comme un des " seuls vrais Ivoiriens ". Dès 1990, Gbagbo dénonçait la présence, excessive selon lui, d'étrangers dans le pays et reprochait à Houphouët - qui leur avait donné le droit de vote - de les utiliser comme du " bétail électoral ". Si le thème de " l'ivoirité " et la propagande xénophobe furent ensuite repris et développés par Bédié, Gbagbo se garda de s'en démarquer, au contraire. Durant la préparation de l'élection présidentielle, il se fit l'un des accusateurs de Ouattara, " qui s'est découvert Ivoirien à l'âge de quarante ans ".