Budget du Parlement européen : Aides aux entreprises et miettes pour les travailleurs !03/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1686.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Budget du Parlement européen : Aides aux entreprises et miettes pour les travailleurs !

La récente session plénière du Parlement européen, tenue du 23 au 27 octobre, a d'abord été marquée par l'expulsion de Jean-Marie Le Pen, déchu de ses mandats. Le Parlement avait décidé il y a déjà quelques mois d'attendre la décision de l'Etat français pour entériner cette décision, un exemple de plus de la position d'auxiliaire des Etats européens qui est celle de l'Union européenne. Ne plus voir la tête de Le Pen dans l'hémicycle est plutôt une nouvelle réjouissante, encore qu'il serait de beaucoup préférable que son influence électorale tombe à zéro, ce que valent ses opinions.

Comme toujours, il y avait de nombreux sujets mis en discussion et au vote au cours de cette session. Les députées de Lutte Ouvrière, Arlette Laguiller, Armonie Bordes et Chantal Cauquil, ont voté contre le budget d'une Union européenne dont l'essentiel de l'action, et donc des financements, se concentre sur le soutien aux grands groupes industriels et financiers, tout en approuvant quelques - rares - lignes budgétaires, accordant un financement à une activité utile à la collectivité. Les associations humanitaires concernées avaient en général fait connaître les lignes budgétaires qui leur tenaient à c.ur, ce que nous avons respecté.

Nous avons découvert qu'il existait toujours un budget de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (Ceca) qui, comme l'a expliqué Chantal Cauquil au nom de nos trois députées, " continue à fonctionner comme une pompe à subventions pour les actionnaires de l'industrie sidérurgique. [...] Même si [...] on envisage de consacrer une certaine somme à l'aide sociale, aucune précision chiffrée n'est donnée alors que la moindre des garanties devrait être que tous les travailleurs concernés par les suppressions d'emplois encore à venir touchent l'intégralité de leur salaire jusqu'à l'âge de la retraite ".

Il faut noter que le groupe communiste (GUE-NGL), auquel nous sommes associés, a voté également contre le budget même si ses raisons étaient sensiblement différentes des nôtres. Il entendait notamment protester contre un budget révisé à la baisse au moment où il est question d'élargissement de l'Union européenne, sans compter que celle-ci finance bien des dépenses imprévues (aides en cas de catastrophe, par exemple) en rognant sur d'autres budgets.

Nous avons également voté contre la résolution commune de la droite, du groupe socialiste et des Verts se réjouissant du sommet de Biarritz et des projets d'élargissement de l'Union européenne, alors que cet élargissement n'est qu'un " laborieux marchandage ", selon les explications de vote des trois députées de Lutte Ouvrière, où " chacun cherche [...] à assurer sa propre prépondérance et à garantir les intérêts de ses propres groupes industriels ou financiers. Ce qui se prépare, ce n'est même pas une Union à deux vitesses, mais l'introduction dans l'arène, dominée par les grands prédateurs de l'économie d'Europe, de pays moins développés qui, proies à l'extérieur, continueront à l'être à l'intérieur ".

La rapporteuse d'un des nombreux textes qui proposaient de l'aide aux entreprises a tenu à souligner, dans sa présentation orale, qu'à part une minorité qui prônait la lutte de classe, plus personne ne contestait l'entreprise. Elle a été interpellée sur ce point par notre camarade Armonie Bordes : " C'est le grand patronat qui pratique quotidiennement la lutte de classe contre les travailleurs alors que la minorité à laquelle vous avez fait allusion défend, elle, les intérêts de la classe ouvrière. "

Pour ce qui est des mesures sociales, l'Union européenne, fidèle à elle-même, se contente du flou artistique. Un rapport sur le " nouvel agenda social " demandait par exemple, comme nous l'avons souligné, " d'approuver la prétendue "politique sociale" proposée au Conseil par la Commission, autrement dit d'approuver un vide sidéral car il n'y a pas une seule mesure concrète susceptible d'améliorer la situation des travailleurs. Rien n'oblige les grandes entreprises à créer des emplois et elles peuvent même continuer à en supprimer lorsqu'elles réalisent des bénéfices considérables. "

Enfin, Arlette Laguiller a pu intervenir à propos d'un rapport concernant les Etats liés à l'Union européenne, notamment en Afrique, et le développement des conflits armés en constatant que le langage compatissant du rapport avait surtout pour but de " dissimuler la responsabilité, directe ou indirecte mais écrasante, des grandes puissances européennes elles-mêmes dans la plupart de ces conflits, du Rwanda à la Sierra Leone. Aujourd'hui, en Côte-d'Ivoire, même si, devant la réaction de la population d'Abidjan contre la tentative d'un nouveau coup d'Etat militaire, Jospin comme Chirac prennent position contre le putsch, comment ne pas dénoncer la politique de l'impérialisme français ? "

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