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- Lutte ouvrière n°1685
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Israël - Négociation Barak-Sharon : De la pseudo-gauche à l'extrême droite
Le gouvernement Barak n'aurait plus de majorité au Parlement israélien. Ni dans le pays d'ailleurs : des sondages le donneraient aujourd'hui largement perdant face à Netanyahou, le précédent chef du gouvernement, de droite, s'il y avait de nouvelles élections.
Barak tente de prolonger l'existence de son gouvernement. S'appuyant sur l'extrême gravité de la situation actuelle, il a proposé de constituer un " gouvernement d'union nationale " dans lequel figurerait le chef de la droite le plus notoirement réactionnaire : Ariel Sharon. Même si jusqu'à présent celui-ci refuse, cela suffit à juger Barak.
La capitulation devant les colons d'extrême droite
La nouvelle Intifada a été déclenchée par la visite de Sharon, honni par les Palestiniens, sur l'esplanade des mosquées à Jérusalem, et la fusillade qui a suivi contre les Palestiniens qui protestaient. Mais elle a été nourrie de longues années durant par l'installation systématique de colonies juives au sein même de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, censées pourtant être palestiniennes. Au sein des colons, ceux qui donnent le ton sont le plus souvent des fanatiques d'extrême droite, disant haut et fort qu'ils souhaitent la mort, ou en tout cas le départ des Arabes.
Eh bien, aujourd'hui, et en réalité depuis des années, ce sont ces colons (400 000 environ sur six millions d'Israéliens) qui dictent leur loi au gouvernement. Cela ressemble beaucoup à ce qui s'était produit en France durant la guerre d'Algérie où les Européens d'Algérie (les pieds-noirs) appuyés par l'état-major, imposaient leur politique à tous les gouvernements, y compris à celui de Guy Mollet, prétendument de gauche, qui avait été élu pour faire la paix et qui s'est incliné et a renforcé la guerre.
Barak, lors de son élection, avait promis de mener une politique différente de celle de Netanyahou. Laquelle exactement ? Là-dessus il était resté dans le vague, promettant simplement qu'il relancerait le " processus de paix " tout en garantissant qu'il maintiendrait, et même renforcerait les colonies juives en Palestine. Et le voilà en train de s'aboucher avec l'extrême droite. Car rappelons que Sharon est cet ex-général, promoteur de l'aventure militaire israélienne au Sud-Liban, qui a laissé commettre dans deux camps palestiniens préalablement désarmés, Sabra et Chatila, le massacre de milliers de civils, hommes, femmes et enfants, par des milices phalangistes d'extrême droite, sans que les troupes de Tsahal qui étaient autour se donnent la peine d'intervenir.
La farce du "processus de paix"
Les accords d'Oslo, censés ouvrir le " processus de paix " datent de sept ans. Dès le début ce soi-disant processus a été accompagné par l'installation et le renforcement des colonies juives dans les territoires promis à devenir un jour palestiniens. Or il y a, à l'évidence, antinomie complète entre la promesse d'un Etat souverain palestinien et ces colonies qui sont, dans les faits, des annexions non déclarées.
En réalité on voit aujourd'hui qu'il n'y a jamais eu de réel " processus de paix ". Il n'y a eu qu'un écran de belles paroles (et encore, très mesurées) pour faire patienter les Palestiniens, laissant ainsi le temps aux colonies de se développer.
Aujourd'hui la Cisjordanie, à peine grande comme un département français, est divisée en neuf enclaves, soumises en théorie à " l'Autorité palestinienne ", qui n'a d'autre pouvoir que contre les Palestiniens eux-mêmes, et cernées par les colonies juives, avec des routes spéciales destinées à éviter les villages palestiniens. Cette opération de colonisation était, dès le début, un sabotage de toute paix réelle, pousuivie méthodiquement par tous les gouvernements israéliens successifs.
Les Palestiniens ont conscience d'avoir été menés en bateau, par les Israéliens d'abord, et de plus en plus par Arafat aussi, qui s'est rendu, de fait, complice de cette politique.
Vers une nouvelle partition des territoires ?
Les dirigeants israéliens souhaiteraient sans doute une solution, car la situation actuelle leur est à terme insupportable. Mais ils sont incapables d'avoir pour cela la volonté politique de s'opposer à leur extrême droite. C'est pourquoi ils envisageraient maintenant un plan dit de " séparation unilatérale " évitant tout contact entre Israéliens et Palestiniens. Pour ce faire les colonies les plus proches d'Israël, qui sont aussi les plus peuplées, seraient purement annexées -de fait sinon de droit- quitte à abandonner quelques petites colonies vraiment trop exposées et jugées indéfendables. Selon un proche de Barak, ce plan " se prépare depuis quelques mois ", ce qui signifierait qu'Israël, en continuant à participer à des pourparlers pendant ce temps, ne faisait que donner le change sans la moindre volonté d'aboutir.
Une telle " séparation unilatérale " reviendrait à entériner une situation de fait, en abandonnant toute perspective de compromis avec les dirigeants palestiniens et en maintenant pratiquement toutes les raisons de conflit. Mélange d'apartheid et de purification ethnique, voilà à quoi sont en train d'aboutir des années de gouvernements israéliens, de droite comme de gauche (!), car avant Barak, il y avait eu Rabin, et bien d'autres encore avant eux.
Alors plus que jamais l'impasse risque d'être totale entre des Palestiniens condamnés à vivre sur des confettis en guise de territoires et un Etat d'Israël, devenu gardien de camps, qui se proclame " démocratique " mais qui ne l'a jamais été que pour sa population juive, et qui l'est d'ailleurs de moins en moins à mesure que l'extrême droite nationaliste et religieuse accroît son poids politique et pèse sur toute la société.