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- Lutte ouvrière n°1684
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Leur société
Le départ de Martine Aubry : Ministre de l'Emploi... et de la solidarité avec le patronat
Du fait de sa candidature à la mairie de Lille (en succession de son ami Mauroy qui ne se représente pas), Martine Aubry a donc quitté le gouvernement. " Je crois que le XXIe siècle commence mieux dans notre pays que n'a fini le XXe, avec un peu moins de chômage, avec un peu moins d'exclusions ", a-t-elle déclaré devant les députés avant son départ, se donnant ainsi au passage quelques bons points.
Ce genre de discours aux accents humanistes ne trompe évidemment personne. Martine Aubry, que certains nous présentent encore comme un rempart contre la rapacité du patronat, en particulier pour les chômeurs, est tout sauf cela. Toute son action, passée comme présente, est là pour le prouver.
Durant ces trois années passées au gouvernement, en tant que ministre de l'Emploi et de la Solidarité, elle a été en première ligne dans toutes les attaques menées par le gouvernement contre les travailleurs, comme avec cette loi qui porte même son nom, la loi Aubry sur les 35 heures, cette loi présentée comme devant réduire le chômage et donner plus de temps libre aux salariés. On a vu depuis le résultat pour les travailleurs : flexibilité, annualisation, blocage des salaires...
Grâce à cette loi, les patrons, qui ont fait mine au début d'être mécontents, ont pu non seulement aggraver l'exploitation de leurs salariés, mais en plus percevoir des dizaines de milliards de francs d'aides supplémentaires.
Devant les députés, Martine Aubry s'est targuée d'une diminution du chômage. Sans doute les chiffres indiquent une diminution globale du chômage, bien que limitée. Mais dans la réalité, des dizaines de milliers d'emplois continuent d'être supprimés ou sont menacés de l'être. Quant à ceux qui sont créés, il s'agit, la plupart du temps, d'emplois précaires, en intérims ou en contrats à durée déterminée en tout genre.
Rappelons aussi l'attitude provocante d'Aubry face aux chômeurs qui revendiquaient la revalorisation de leurs allocations, durant l'hiver 1997-1998. Telle une dame patronnesse, elle commença par leur accorder... 1 franc et 48 centimes par jour d'augmentation (pour des travailleurs, souvent âgés, ne touchant plus que l'Allocation Spécifique de Solidarité, soit 2 200,30 francs par mois).
Et après l'aumône, ce furent de nouvelles attaques contre ceux qui ne feraient pas " l'effort de chercher un emploi ", selon les propres termes de Martine Aubry. Dans la discussion autour du PARE, ce qui la gêne, ce ne sont pas les sanctions contre les chômeurs, mais le fait qu'elles ne soient pas plus de la " responsabilité " de l'Etat.
Mais qui pourrait s'étonner d'un tel bilan quand on voit le curriculum vitae de Martine Aubry ? Il faut rappeler tout de même que cette ministre " socialiste " a été, en 1989, directrice générale adjointe du groupe Péchiney, aux côtés de son protecteur et PDG du groupe à l'époque, Jean Gandois, le prédécesseur de Seillière, à la tête de l'ex-CNPF. Lors de son précédent passage au gouvernement, de 1991 à 1993, en tant que ministre du Travail, on lui doit la mise en place des CES, d'un projet de loi devant permettre le travail de nuit des femmes, ainsi que de toute une série de pénalités contre les chômeurs (déjà !) " qui ne rechercheraient pas d'emploi ".
Voila celle que l'on présente souvent comme la face " sociale " du gouvernement Jospin. C'est tout dire !