Comme dernier chic, le grand couturier italien Prada a organisé un défilé de mode au siège national du PCF, loué pour l'occasion. Festoyant dans des locaux que les militants ont payés pour une part de leurs deniers ou du fruit de leur activité militante, on trouvait comme participants à cette soirée tout un monde que ne fréquentent ni les travailleurs ni la majorité des militants du PCF. Et la réciproque est tout aussi vraie.

Nombre de ces derniers ont pu, à juste titre, être choqués du choix et de la prestation de leurs dirigeants à cette occasion. Que le PCF ait besoin d'argent et qu'il ait recours à des activités commerciales qui lui permettent d'en obtenir, n'est pas en soi contestable, s'il s'agit de financer son activité politique, même si on peut discuter de la politique choisie. Mais l'affaire ne se réduit pas à cela. Parce que, contrairement à l'adage, l'argent peut avoir une odeur, et surtout un prix, qui n'est pas que financier.

En l'occurrence les dirigeants du PCF ont servi de vitrine à ce qui symbolise le luxe ostentatoire, le monde froufroutant du fric, des paillettes vendues au prix des pépites. Pire, les dirigeants du PCF n'ont pas voulu limiter la portée de cette opération à des mobiles financiers. Ils ont choisi de l'ériger en signe de la fameuse ouverture prônée par le parti. Ainsi, son secrétaire national a tenu à être présent à cette soirée mondaine, y déclarant que " ceux qui pensent que le communisme rime avec archa.sme se trompent ; ça rime avec modernité " !

Si c'est cela la modernité qui réussit à ravir l'âme et les yeux de Robert Hue, on lui en laisse volontiers la jouissance pour lui préférer l'ouverture vers ceux qui subissent les effets des extravagances de ces riches parasites qui s'extasient devant les dentelles et autres falbalas hors de prix.

Car s'il est possible que le PCF ait réussi à atténuer une partie de ses difficultés financières grâce à cette opération, il a en revanche accentué un déficit politique qui se creuse en son sein et autour de lui, parmi ceux qui y voyaient, et y voient encore un parti qui se situait sur le terrain du combat contre les riches et les exploiteurs. Dans cette comptabilité-là, le PCF a perdu bien plus que les quelques millions qu'il a gagnés. Mais Hue et les dirigeants du PCF ne s'estiment apparemment pas comptables du capital moral et politique que leur ont légué ses militants.