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Belgique : Après les élections communales
Dimanche 8 octobre les 589 conseils communaux et les 10 conseils provinciaux belges ont été renouvelés. Les évolutions politiques en cours depuis une dizaine d'années ont été confirmées, malgré le caractère plus local des élections communales.
En Wallonie et à Bruxelles, le PRL (Parti Réformateur Libéral) et les Verts continuent leur progression, le PS (Parti Socialiste) se maintient, le PSC (Parti Social Chrétien) a freiné son recul. L'extrême droite wallonne, très éclatée, a fortement reculé et perdu la plupart des conseillers communaux élus en 1996.
En Flandre en revanche, la progression du Vlaams Blok d'extrême droite se poursuit. Il atteint 33 % à Anvers, 20 % dans plusieurs villes et 15 % dans l'ensemble de la Région. Les autres partis traditionnels se maintiennent, notamment grâce à une moindre dispersion des votes sur des listes défendant des particularismes ou des listes folkloriques.
Après les élections législatives de 1999, la coalition gouvernementale " arc-en-ciel " libéraux, socialistes et verts a poursuivi la politique d'austérité des gouvernements précédents. L'opposition concrète à cette austérité a commencé à se manifester publiquement après la grève des patrons routiers, dans quelques grandes entreprises de Liège et de Charleroi, par la grève des transports en commun de la Région wallonne qui dure depuis le 25 septembre, avec la manifestation de plus de 25 000 travailleurs à Bruxelles le 3 octobre.
Mais ce mécontentement ne se traduit pas sur le plan électoral, ne serait-ce que parce qu'il n'y a aucun parti d'opposition crédible et que le vote est obligatoire. Ce sont les partis sociaux-chrétiens et les libéraux qui avaient mis en place cette politique d'austérité en 1982. Les sociaux-chrétiens ont reculé jusqu'à se trouver exclus de la coalition gouvernementale en 1999 et ils n'ont pas encore eu le temps de se refaire une virginité dans l'opposition...
Quant aux ministres Verts, pour le moment leur crédit augmente, y compris auprès d'un certain nombre de travailleurs, car ils n'ont pas l'arrogance de beaucoup de notables PS ; eux discutent, même avec les grévistes, patrons routiers... comme salariés des TEC.
A Anvers, il est probable qu'une coalition de tous les partis autres que le Vlaams Blok se mettra en place, comme après les élections communales de 1994, pour diriger la ville. Mais pour conquérir d'autres électeurs et tenter d'importer l'expérience de l'extrême droite autrichienne, le Vlaams Blok, sans changer son programme xénophobe et ultra-nationaliste, s'est donné des allures plus respectables. Aussi, dans le parti social-chrétien flamand (CVP), rejeté dans l'opposition en 1999, les dirigeants ont encore plus de mal qu'avant à imposer à tous les prétendants aux postes gouvernementaux de ne pas engager de tractations - tout au moins - publiques avec les dirigeants du Vlaams Blok.
Mais même si le " cordon sanitaire " autour du Vlaams Blok ne cède pas, les slogans réactionnaires, racistes et nationalistes qu'il déverse par tracts, affiches, journaux et spots télévisés font leur chemin.
Des dirigeants du PS, notamment la bourgmestre d'Anvers, évoquent de temps en temps une partie de la solution : donner le droit de vote aux immigrés, ne serait-ce qu'à ceux établis en Belgique depuis plusieurs années. Cela pourrait leur nuire dans la fraction de leur électorat sensible au racisme et au nationalisme ? Peut-être. Pourtant ils n'hésitent pas à assumer un discrédit bien plus large, dans la majorité de la classe ouvrière, avec leur politique antiouvrière et propatronale... car ces ministres PS et SP sont plus sensibles aux intérêts généraux des patrons qu'à ceux des travailleurs.
Mais c'est justement s'ils continuent cette politique que ces ministres qui se disent encore socialistes pourraient se voir éjectés du pouvoir par une coalition avec l'extrême droite.