Lever-Haubourdin (Nord) : Une vente avec bénéfice13/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1683.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lever-Haubourdin (Nord) : Une vente avec bénéfice

Le second de la direction de Bilore, l'éventuel repreneur espagnol de la moitié des 450 salariés de l'entreprise Lever d'Haubourdin dans le Nord, est venu faire un tour à Lille. Il a déclaré à qui voulait l'entendre, notamment le maire d'Haubourdin (droite), le député de la circonscription (PS) et d'autres sans doute, qu'il était pressé de conclure avec Lever. Il aurait besoin très rapidement de l'usine d'Haubourdin pour le marché d'Amérique du Sud, dit que c'est un outil de production performant, que le personnel est compétent... On se demande alors pourquoi Unilever veut nous vendre ?

C'est vrai qu'il n'a pas parlé des salaires de 20 % inférieurs, de l'ancienneté et des primes non reprises, des cadences et aussi de l'origine des capitaux qui le rendent si actif. N'y a-t-il pas des capitaux Unilever derrière Bilore ? Ce ne serait pas une mauvaise opération pour les actionnaires d'Unilever d'avoir des ouvriers compétents pour 30 à 40 % moins cher dans une usine si performante...

Il y en a qui construisent des châteaux en Espagne, d'autres qui achètent des usines dans le Nord ! Et c'était un rien triste de voir ce monsieur admirer son rêve d'usine de loin, les pieds dans les champs, n'ayant pas osé s'approcher de la porte. Il avait dû être prévenu qu'on n'avait pas envie d'être vendus, et surtout vendus au rabais.

C'est peut-être le préfet de Région qui l'a mis au courant. Une délégation l'avait rencontré deux jours avant pour lui remettre 25 000 signatures de la pétition refusant les 25 000 suppressions d'emplois d'Unilever dans le monde et lui rappeler nos revendications. Mais, malgré ses titres et ses galons, ce monsieur se dit impuissant face à une multinationale. Par contre quand les travailleurs immigrés sans papiers viennent le trouver pour être régularisés, là il s'estime assez puissant pour refuser. Il évoque alors des lois et des règles indignes édictées par les ministres et les députés. Pourquoi donc les députés ne voteraient-ils pas des lois (qui, elles, instaureraient des règles de justice) pour interdire aux entreprises de procéder à de faux licenciements économiques, alors qu'elles font de fantastiques profits ?

Ces profits, Unilever voudrait bien continuer à les tirer jusqu'au dernier jour de notre travail, avant de vendre l'usine. Et il y a encore quelques individus ayant un statut dans la hiérarchie qui tentent de faire pression pour que la production sorte et que le personnel compétent fasse travailler " l'outil performant ".

Devant notre absence de réactivité, ils nous lancent comme suprême défi : " Le 15 décembre les lettres seront envoyées ! " Est-ce qu'ils espèrent qu'ils ne les recevront pas comme tout le monde, ces " meilleurs " voeux anticipés ?

C'est pour éviter cela que nous préférons faire le tour des super et des hypermarchés, vider les rayons et discuter avec d'autres travailleurs de la nécessité de ne pas se laisser faire par les patrons et de se préparer à réagir tous ensemble... d'être en quelque sorte les enzymes gloutons du consensus social.

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