Etats-Unis : La pilule RU-486 autorisée à la veille de l'élection06/10/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/10/une-1682.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : La pilule RU-486 autorisée à la veille de l'élection

La Food and Drug Administration, l'organisme chargé aux Etats-Unis de la réglementation des médicaments, vient enfin d'autoriser - après la France, la Grande-Bretagne, la Suède, la Norvège, l'Allemagne, la Suisse, la Russie, Israël, la Chine - la mise sur le marché de la pilule abortive RU-486.

Cette décision est une avancée pour toutes les femmes et a évidemment été saluée par les organisations féministes et de planning familial américaines. La RU-486, qui pourra être prescrite par les médecins généralistes, devrait faciliter l'accès à l'interruption volontaire de grossesse qui, dans certaines régions des Etats-Unis, relève du parcours du combattant. En effet, sous la pression d'organisations réactionnaires, de nombreux hôpitaux refusent de pratiquer l'IVG - qui n'est même plus enseignée dans la majorité des facultés de médecine et des hôpitaux universitaires. Et là où elle est pratiquée, il faut presque systématiquement franchir une haie de manifestants hostiles avant de rencontrer le médecin vêtu d'un gilet pare-balles qui fera l'opération !

Mais à un mois des élections, cette décision vient aussi à point nommé pour redorer un peu le blason des démocrates, de Clinton et de Gore, qui ont toujours prétendu être pour le droit à l'avortement. Et pourtant !

En huit ans de pouvoir, Clinton et les démocrates n'ont pas trouvé le moyen de contraindre les facultés de médecine, subventionnées par l'Etat, à remettre l'IVG au programme. Ils n'ont pas proposé au Congrès, qui était au début à majorité démocrate, de supprimer l'amendement Hyde (voté en 1977 sous le démocrate Carter), qui interdit aux services d'aide médicale (Medicaid) de payer l'avortement d'une femme qui n'a pas les moyens de le payer elle-même (on est loin de l'avortement " libre et gratuit " !). Et surtout, ils ont laissé traîner les choses en longueur, en se servant de la pilule abortive essentiellement comme d'un argument électoral auprès des femmes et de l'électorat " de gauche ", en 1992, 1996 et 2000. Ce n'est pas vraiment la santé ou le libre choix des femmes qui les motivaient, sinon ils auraient trouvé le moyen, en huit ans, non seulement d'autoriser la RU-486, mais de la faire passer dans les faits. Son autorisation, à un mois des élections, est si tardive qu'un porte-parole républicain a pu tranquillement déclarer à l'adresse de l'électorat conservateur : " Je ne pense pas que cette décision soit irréversible. ". Le candidat républicain George W. Bush n'a jamais caché son hostilité à l'avortement " dans la plupart des cas ".

Aux USA, le droit des femmes à disposer de leur corps est sans cesse remis en question. Et si les démocrates en font aujourd'hui un argument électoral, il faut bien reconnaître que ces dernières années, ils n'ont rien fait pour que ce droit devienne une réalité

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