Les banques magouillent29/09/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/09/une-1681.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les banques magouillent

Le Conseil de la concurrence vient d'infliger à six des plus grosses banques françaises (parmi lesquelles le Crédit Agricole, la BNP, la Société Générale, le Crédit Lyonnais) une amende de 1,145 milliard de francs.

Le Conseil de la concurrence a ainsi voulu sanctionner " la mise en oeuvre, en 1993 et 1994, d'une entente anticoncurrentielle dans le secteur du crédit immobilier ".

Dans cette période, les taux d'intérêts des prêts immobiliers se trouvaient avoir baissé par rapport à la période précédente. Il devenait intéressant pour les emprunteurs de renégocier leur crédit immobilier, soit en obtenant une baisse de leur taux d'emprunt auprès de leur banque, soit en empruntant à une autre banque pour rembourser leur emprunt initial.

Il s'avère que ces renégociations n'intéressaient nullement les grandes banques qui ont tout fait pour les bloquer. Selon le Conseil de la concurrence l'entente entre les grands réseaux bancaires visait à se protéger mutuellement, une sorte de " pacte de non-agression " tacite. Le résultat été efficace puisque seulement 36 milliards de francs de crédits immobiliers ont été renégociés sur un total de 600 milliards pour la période de mi-1993 à fin 1994.

Et on peut être sûr que ce sont plutôt les gros acquéreurs, ceux qui ont des relations privilégiées avec le monde de la banque, qui ont su profiter de ces renégociations plutôt que les petits emprunteurs sans relations ni conseillers financiers.

Bien évidemment les banques poussent des cris d'orfraie, niant totalement ce genre de pratique. Ces magouilles sont pourtant fréquentes dans les milieux financiers et industriels. C'est même la manière habituelle d'agir du capitalisme. En février 1996 déjà, 31 entreprises du bâtiment et des travaux publics avaient été condamnées par le Conseil de la concurrence pour s'être mises d'accord sur les prix de construction des ponts et infrastructures du TGV, faisant ainsi monter la note pour le contribuable. Mais pour une affaire ou une autre qui éclate au grand jour, combien d'autres restent dans l'ombre ?

En tout cas, l'amende d'un peu plus de un milliard de francs au total à laquelle ont été condamnées les banques incriminées n'est certainement pas dissuasive de telles pratiques, les bénéfices de l'opération étant sans commune mesure avec la sanction !

Partager