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- Lutte ouvrière n°1677
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Editorial
Une diminution des impôts pour qui ?
C'est, paraît-il, la reprise économique. Mais tout ne va très bien que pour les grandes entreprises, qui ne cessent d'enregistrer des profits vertigineux, et par voie de conséquence pour leurs plus gros actionnaires, dont les actions voient leur valeur augmenter régulièrement (plus de 55 % en un an).
Tout va très bien aussi pour l'Etat qui, grâce à cette relative reprise économique, et à la hausse considérable du prix des carburants, enregistre des rentrées fiscales bien supérieures à celles qu'il attendait. Au point que toute la presse spécule sur ce que Fabius pourrait bien faire de ces rentrées inespérées.
Mais les choses vont beaucoup moins bien du point de vue des travailleurs. Les salaires sont quasiment bloqués (alors que les prix ont officiellement augmenté de 1,7 % en un an). Et les porte-parole du gouvernement ont beau nous parler depuis des mois de baisse de la fiscalité, tous ceux qui viennent de recevoir leur feuille d'impôts savent ce qu'il faut penser de ces discours.
Fabius devrait faire connaître ses intentions le 31 août. Mais si l'on en juge par la politique passée de ce gouvernement, qui se dit pourtant de gauche, et sur les commentaires que l'on entend sur ce que le ministère des Finances pourrait décider, les travailleurs n'ont aucune raison de se réjouir.
Le gouvernement, qui profite lui-même, par l'intermédiaire de la TVA, de la hausse scandaleuse du prix des carburants, n'a rien fait jusqu'à présent pour obliger les Total et autres trusts du pétrole, qui auraient largement la possibilité de le faire sans être menacés de faillite, à baisser leurs prix. Il s'est contenté de leur dire qu'ils devraient faire un effort, ce qui a dû faire bien rire dans les conseils d'administration de ces sociétés.
On nous parle, par contre, de diminuer encore l'impôt sur les bénéfices des sociétés (pourtant bien inférieur à ce qu'il était sous Giscard d'Estaing, qui n'avait rien d'un gauchiste). On nous parle aussi de diminuer l'impôt sur le revenu, mais en précisant aussitôt qu'une telle baisse concernerait le cas échéant toutes les tranches de revenus, ce qui reviendrait à faire le plus de cadeaux aux contribuables les plus riches. Quant aux impôts indirects, dont la TVA, dont les taxes sur les carburants, qui sont les impôts les plus injustes, par définition, parce qu'ils touchent de la même manière les Smicards et les multi-millionnaires, l'ouvrier qui est obligé de prendre sa voiture pour aller à son travail, et le fils à papa qui se promène, personne n'envisage sérieusement de les diminuer.
Le président de la République d'un côté, le Premier ministre de l'autre ont, à leur retour de vacances, fait mine d'avoir des préoccupations sociales en recevant quelques centaines de gamins qui ne savent pas ce que c'est que de partir en vacances. Ils sont comme ces dames patronnesses qui tricotent à leurs heures de loisirs des pull-overs pour leurs " pauvres ", mais qui appartiennent au monde de ceux à cause de qui la pauvreté existe. Ils sont l'un comme l'autre au service du grand patronat, de la grande bourgeoisie, et nous n'avons rien à attendre d'eux.
A l'occasion de l'université d'été du PCF, Robert Hue a réclamé que les salariés profitent des fruits de la croissance, a dénoncé les inégalités sociales. Et il a eu certes raison de le faire. Mais c'est d'un gouvernement dont toute la politique contribue à accroître ces inégalités et dont font partie quatre ministres communistes - qui ne disent rien à ce propos - que Hue fait mine d'attendre des mesures en ce sens.
Pourtant, la tâche de tous les militants ouvriers, de toutes les organisations qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs, ce devrait être de préparer la mobilisation d'ensemble du monde du travail pour imposer, et pas seulement mendier, une autre répartition des richesses.