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La Poste (Centre de tri de Bordeaux) : Une protestation qui a eu un écho
La décision a été prise au début du mois de juillet : l'aviation civile américaine ordonnait la révision d'une cinquantaine de Boeing 737 dans le monde, dont les 15 de la compagnie aéropostale.
En effet ces avions connaissent des problèmes au niveau des structures des portes.
Mais pour pallier ce genre de dysfonctionnement, la direction de La Poste n'a pas mis en place avec Boeing un moyen de remplacement adapté, si bien que pour acheminer le courrier venant de l'aéroport de Roissy, endroit de concentration de l'aéropostale, La Poste a recours à des charters DC8, avions qui ne sont pas adaptés à ce genre de fret ; cela a pour effet un retard au décollage à Roissy et à l'atterrissage à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac.
Le courrier du département arrive donc trop tard au CTC de Bordeaux, et ne peut être traité dans sa totalité. Quant à celui de Pau et de la région des Pyrénées-Altlantiques, il est transporté par camion, et du coup a deux jours de retard, voire plus.
Des restes existent donc au Centre de tri, même en juillet et août. Dans la nuit du 26 au 27 juillet, 148 000 lettres et 40 000 grands formats à destination de la Gironde sont restés en souffrance.
Devant cette situation, dans la nuit du lendemain, les agents du Tri ont décidé de ne pas acheminer la presse, et notamment le journal Sud-Ouest, qui se faisait au détriment du courrier avion des usagers.
Cette action avait pour but d'alerter les usagers sur le retard de leur courrier et sur les raisons de ce retard.
Le but a été atteint : le journal Sud-Ouest, qui avait été averti du problème et n'avait pas eu la plume généreuse, a écrit deux articles dans ses colonnes. Et même si par " prudence " la presse locale a choisi un autre moyen de distribution le lendemain, cela a fait sortir de son mutisme la direction de La Poste. À travers la presse, et en adressant un courrier à la CGT, elle s'en prend aux agents parlant de " mesures de rétorsion contre la presse et de manquement grave au service public ".
C'est pourtant bien elle qui est responsable du problème, en supprimant des emplois. C'est elle qui aggrave les conditions de travail en n'embauchant pas suffisamment. C'est elle qui organise la dégradation du service public. Manifestement, La Poste n'a pas retenu les leçons du conflit de novembre-décembre 1999, qui avait duré un mois, pour obtenir des emplois supplémentaires.
Sans doute faudra-t-il recommencer pour faire entendre l'intérêt des usagers et le nôtre, parce que au-delà de ce problème de l'aéropostale, les restes de courrier ne sont pas chose rare au CTC : il y en a pratiquement tous les jours, on les date, on les gère, on les qualifie, des cadres viennent les admirer... Ils sont devenus un produit, un prétexte à la création de brigades aux horaires atypiques - 0h-6h, 22h-6h, 4 h 30- 11 h 10 - c'est-à-dire une aggravation de nos conditions de vie.
Quel que soit le moyen d'acheminer du courrier, du vélo à l'avion, pour que les usagers n'attendent pas indéfiniment leur courrier et que nous travaillions dans des conditions correctes, La Poste doit embaucher pour les dizaines d'emplois manquant sur le CTC de Bordeaux.