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Dans le monde
Dix ans d'embargo impérialiste contre la population irakienne
Le 2 août 1990, la dictature irakienne, menacée d'asphyxie économique, recourait à la fuite en avant. Les troupes de Saddam Hussein occupaient le minuscule Koweit, cette richissime enclave incarnant dans la région la puissance des multinationales du pétrole et de l'emprise économique de l'impérialisme.
Jusque-là Saddam Hussein avait été un instrument utile à l'impérialisme, pour contribuer au maintien de l'ordre dans la poudrière de peuples et de pauvreté que les pillages coloniaux avaient laissée dans la région. Surtout, il avait fourni aux grandes puissances, et au premier chef aux Etats Unis, le moyen de punir le régime iranien de Khomeiny, venu au pouvoir sans leur assentiment, par l'une des guerres les plus longues et les plus meurtrières de ce dernier demi-siècle.
Mais ce soudard n'avait de valeur aux yeux des dirigeants de l'impérialisme que pour autant qu'il ne prenait pas trop d'assurance et restait docile. Dès lors qu'il ruait dans les brancards, même si cela ne remettait rien en cause de fondamental dans l'ordre impérialiste, il devait être châtié - pour ses propres méfaits et surtout pour l'exemple, à titre d'avertissement à tous les peuples et régimes des pays pauvres tentés de défier si peu que ce soit l'ordre des maîtres pour secouer le joug de leur système.
En quelques mois, la plus grande armée jamais rassemblée depuis la guerre de Corée s'installa en Arabie saoudite, regroupant tous les impérialismes de première et seconde zones et la plupart de leurs satellites. En avril 1991, après plus d'un mois de bombardements et quelques jours d'une offensive terrestre particulièrement meurtrière, la guerre du Golfe était finie. Les troupes de Saddam Hussein quittaient le Koweit en ayant essuyé des pertes considérables.
Mais cela n'a pas suffi à l'impérialisme. Dix ans après que le premier char irakien fut entré au Koweit, des bombes américaines et anglaises tombent toujours aujourd'hui plusieurs fois par semaine sur des cibles prétendument militaires en Irak, avec l'assentiment plus ou moins explicite des autres grandes puissances comme la France. L'embargo décrété contre l'Irak au lendemain de l'invasion d'août 1990 tient toujours. Bien sûr, cet organe de l'ordre impérialiste qu'est l'ONU a " assoupli " l'embargo en autorisant l'Irak à exporter un peu de pétrole mais à la seule condition que les recettes de ces exportations soient placées sous le contrôle de l'ONU qui en supervise l'usage par le gouvernement irakien, après en avoir prélevé 30 % du montant en guise de provisions sur les réparations de guerre qu'aura à verser l'Irak. Ainsi le régime irakien peut-il importer de quoi alimenter les appétits de ses élites et se maintenir au pouvoir en dépit de la situation catastrophique de la population.
Car la vraie, la seule victime de cette guerre du Golfe, comme des dix ans d'embargo qui ont suivi, aura été la population irakienne, rejetée plusieurs décennies en arrière par l'écroulement de toute une partie de l'infrastructure matérielle et sociale causé par la guerre et jamais réparé, du fait de l'embargo occidental. Il ne manque pas de chiffres et de témoignages sur la baisse de l'espérance de vie chez les enfants, du fait de la malnutrition et du manque de médicaments, pour en témoigner.
Mais c'est cela l'ordre impérialiste. C'est contre les populations, et surtout contre les plus pauvres, qu'il s'exerce, pour protéger les privilèges exorbitants de la minorité de grands capitalistes dont l'existence parasitaire se résume à un pillage sans fin de la planète - au moins jusqu'à ce que ces populations finissent par faire table rase.