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Dans les entreprises
Renault (Le Mans) : Des élections contestées
Lundi 10 juillet 2000, le tribunal d'instance du Mans a été saisi pour statuer sur la validité des élections professionnelles (DP-CE) de l'usine Renault Le Mans des 20 et 21 juin dernier : six travailleurs proches de la CGT, radiés des listes électorales, attaquaient la direction de l'établissement du Mans sur le fait qu'ils n'avaient pu voter lors de ces élections.
Fin mai, début juin 2000, plusieurs dizaines de travailleurs de l'usine (61 au total) sont rentrés dans la convention CASA (Cessation d'activité des salariées âgés). Cette convention signée entre Renault, l'Etat et tous les syndicats permet un départ anticipé de l'entreprise. De fait, c'est un nouveau plan de réduction des effectifs.
Or, il s'avère qu'au 28 juin 2000, soit plus d'une semaine après les élections, ni les Assedic des Yvelines (qui gèrent les dossiers de l'ensemble des salariés Renault rentrant dans la CASA), ni la direction départementale du travail de la Sarthe, n'avaient eu connaissance de ces dossiers. Aussi, ces six travailleurs estiment qu'à ce titre ils n'auraient pas dû être radiés des listes électorales.
Quand on sait que, notamment aux élections du CE, la CGT a perdu un siège à deux voix près, le fait de pouvoir voter revêt une certaine importance. De là à penser que la direction, suite à son fichage des salariés de l'usine dénoncé dans la presse en mars dernier, a fait partir de façon plus qu'anticipée des travailleurs qui votaient CGT, il n'y a qu'un pas... facile à franchir. Le jugement a été mis en délibéré au jeudi 13 juillet 2000.
Les élections vont-elles être annulées ? On verra bien, mais par-delà cette péripétie, il n'en reste pas moins que, lors de ces élections professionnelles du mois de juin, il y a eu une sensible perte d'audience de la CGT.
En effet, au premier collège, la CGT a perdu 8,4 points en DP (62,7 % au lieu de 71,1 %) et 9,6 points en CE (58,5 % contre 68,1 %). Dans le deuxième collège, les pertes sont du même ordre à peu de choses près. A l'issue de ces élections, la CGT perdait la majorité absolue au CE qu'elle détenait depuis toujours. Ceci dit, elle reste de loin la première organisation syndicale de l'usine avec plus de 42 % des voix tous collèges confondus (ouvriers - techniciens et employés - cadres).
Ces élections étaient les premières sur l'usine Renault du Mans (appelée maintenant ACI, Automobile Chassis International) depuis la vente du Département 83 en 1998 et la filialisation du secteur Tracteur en janvier dernier. On comptait 1 510 inscrits de moins sur l'ensemble de l'usine (2 922 au lieu de 4 432) et 1 030 inscrits en moins au premier collège (1 806 contre 2 836). La disparition de ces deux gros secteurs votant très majoritairement CGT a bien sûr joué un rôle dans le résultat des élections.
Le départ des travailleurs les plus anciens (FNE, CASA et départs négociés) votant très fortement CGT, et les pressions systématiques de la direction sur les nouveaux embauchés pour qu'ils votent " bien " (réunions, repas, etc.) ont joué dans le même sens.
La condamnation de la grande majorité des " 46 de Renault Le Mans ", suite au procès en correctionnelle pour séquestration, a pesé aussi, car c'est apparu comme une victoire de la direction et cela a pu décourager des hésitants.
On peut aussi s'interroger sur l'attitude de la CGT, très offensive jusqu'au 10 mars 2000, date du procès des " 46 ", et nettement plus réservée après, n'appelant même pas à un débrayage suite à la condamnation. Etait-ce pour ne pas risquer d'effaroucher l'électorat du deuxième collège dans la perspective des élections ?...