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- Lutte ouvrière n°1670
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Tribune de la minorité
La croissance est de retour ? Raison de plus pour faire rendre gorge au voleur
Gouvernement, patrons, presse, tous se gargarisent du " retour de la croissance ". Et la gauche plurielle de se féliciter de la " baisse du chômage "... 500 000 chômeurs de moins ? Voire... Ce chiffre est aussi le résultat de multiples tripatouillages statistiques, et, surtout, de la multiplication de l'intérim, des CDD, des CES, ou autres emplois-jeunes du gouvernement.
Si croissance il y a, c'est surtout celle des profits patronaux d'un côté, celle de la précarité de l'autre.
S'il est vrai que dans certains secteurs de l'économie les travailleurs peuvent avoir un peu moins de mal à trouver un emploi, ou à en changer, ils ont alors un peu plus la possibilité de " négocier " leur salaire ou leurs conditions de travail. C'est pour cela que certains patrons se plaignent de ne pas trouver de " volontaires " pour des emplois qu'ils proposent en oubliant de préciser quel genre de sales petits boulots précaires et sous- payés ils offrent si généreusement. Les patrons n'acceptent de toute façon la " loi de l'offre et de la demande " sur " le marché du travail ", pour reprendre leurs termes, que lorsqu'elle joue en leur faveur. Sinon, ils savent se donner les moyens de peser à la baisse, car s'il y a bien une croissance dont ils ne veulent pas, c'est celle des salaires.
Le gouvernement leur a déjà donné un sérieux coup de pouce avec les lois Aubry, qui ont permis de geler les salaires dans nombre d'entreprises, et même de les baisser, via la suppression du paiement des heures supplémentaires ou le lissage annuel des horaires.
Les initiatives du Medef vont dans le même sens. Les patrons exigent de nouveaux contrats précaires, de 18 mois à 5 ans, à l'exemple... des emplois-jeunes du gouvernement. La nouvelle convention de l'Unedic met en place avec le " PARE " un système de sanctions contre les chômeurs. Il s'agit de faire pression sur eux pour leur faire accepter n'importe quel travail, à n'importe quel prix. C'est du même coup une pression sur l'ensemble des travailleurs.
Contre cette nouvelle attaque, une mobilisation d'ensemble s'impose, surtout quand on nous parle de " croissance " et que les entreprises, tout en engrangeant les milliards, continuent de comprimer les salaires, de précariser et de licencier, comme Dunlop à Montluçon.
Or, le moins qu'on puisse dire, c'est que les organisations syndicales ne sont pas pressées d'organiser une telle riposte !
Ne parlons pas de la CFDT et de la CFTC, qui ont signé avec enthousiasme le PARE. Mais il y a aussi une part d'hypocrisie dans le refus des autres confédérations. Toutes, CGC, FO et CGT, avaient après tout accepté de participer aux négociations, sur les bases du Medef, et elles leur ont apporté ainsi une caution. FO et la CGC ont refusé de signer après bien des hésitations, et la CGT n'en appelle pas à la conscience et à la mobilisation des travailleurs, avec ou sans emploi. Son secrétaire général n'a d'abord donné pour perspective... qu'une nouvelle réunion de concertation avec les autres syndicats, y compris signataires.
Aujourd'hui, ces syndicats misent tout sur le gouvernement, dont l'agrément est nécessaire pour la mise en place de la nouvelle convention. Ils espèrent peut-être qu'un refus du gouvernement conduira les " partenaires sociaux "... à refaire un petit tour autour de la table des négociations.
Il est pourtant difficile de trouver planche plus pourrie que ce gouvernement. Il est en fait d'accord sur l'essentiel. Aujourd'hui, s'il temporise, c'est surtout pour " rabibocher " les " partenaires sociaux ", et pour discuter du texte à la marge. Alors qu'il lui suffirait de mettre son veto pour saborder le PARE.
En réalité, toutes les organisations syndicales tiennent beaucoup au " dialogue " avec le Medef, parce qu'elles sont bien davantage prêtes à renoncer aux allocations des chômeurs... qu'aux fromages que leur offre le " paritarisme " et plus généralement la collaboration de classe avec le patronat. En mettant aussi cela sur le tapis vert des négociations, sous prétexte de " rénover le paritarisme ", le Medef sait prendre les directions syndicales par les sentiments... Empêtrés, bien volontairement, dans leurs liens avec le patronat, même les syndicats qui se disent hostiles au PARE évitent pour l'instant de se donner les moyens de le combattre réellement.
L'extrême-gauche en a d'autant plus un rôle à jouer, en dénonçant l'accord, mais aussi en s'adressant à toutes les organisations qui se disent opposées au PARE. Il s'agit de donner l'impulsion pour mener une campagne systématique, à l'échelle nationale, contre ce projet et contre tous les autres du même acabit compris dans la " refondation sociale ", de mobiliser peut-être d'abord les militants, puis plus largement les travailleurs, et donner à ceux-ci des perspectives et des occasions concrètes pour réagir.
Voilà ce que peuvent proposer les révolutionnaires à tous les militants ouvriers, à commencer par leurs organisations.