Lille : Emplois-jeunes en lutte02/06/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/06/une-1664.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Lille : Emplois-jeunes en lutte

Quatre emploi-jeunes recrutés début juin 1998 par la mairie de Lille, comme animateurs des espaces verts de la ville, sont en grève reconductible depuis le lundi 15 mai. Le jeudi 25 mai, la mairie leur a fait savoir qu'elle engageait une procédure de licenciement.

Ces jeunes sont en grève pour réclamer de " vrais moyens pour exercer les missions pour lesquelles ils ont été embauchés ". Dès le début, en effet, ces jeunes se sont retrouvés à faire des tâches qui n'avaient rien à voir avec ce pour quoi on les avait embauchés. Ils se sont ainsi retrouvés à bêcher ou à déboucher les égouts. De plus ils n'ont jamais disposé d'aucun moyen pour le travail qu'on leur demandait. C'est à la suite de plusieurs démarches qui sont restées sans effet, puis d'un courrier leur annonçant que deux d'entre eux allaient être mutés dans un autre secteur de la ville, mutation que les jeunes ont ressentie comme une sanction, qu'ils ont décidé de déclencher leur grève.

Ces jeunes mettent le doigt sur les vrais problèmes. Le gouvernement avait, en effet, fait un cheval de bataille électorale de ces embauches. Il devait y en avoir 350 000 dans le public et autant dans le privé. Le nombre exact d'emploi-jeunes créés dans le public est impossible à vérifier. Par contre, il se vérifie qu'ils servent de bouche-trous, et qu'ils n'ont jamais l'assurance d'être repris. Il y a des besoins pourtant. Et des emplois où ces jeunes pourraient être utiles au niveau des mairies, des écoles, des transports publics, ce n'est pas ce qui manque. Mais le problème du gouvernement n'est pas de créer de vrais emplois. Les emploi-jeunes viennent renforcer le nombre déjà énorme des précaires.

Dans ce cas, les jeunes se trouvent confrontés à une mairie socialiste dont l'adjointe est le ministre du Travail Aubry elle-même ! L'adjoint chargé de l'emploi et de la solidarité, Pierre de Saintignon, un proche d'Aubry, s'est permis de dire à propos de ces grévistes : " La mairie n'est pas en guerre contre ces jeunes. Ils se montent la tête ou sont manipulés. Leur revendications sont complètement infondées. Notre seul souhait est que cette situation s'arrange, mais s'ils ne veulent pas entendre raison, ils vont droit dans le mur ". Il n'est pas étonnant que, pour ce proche d'Aubry, les revendications de travailleurs soient infondées et que les travailleurs " doivent entendre raison ", c'est-à-dire se soumettre. Mais on savait déjà que ces gens-là, Aubry comme les autres, ne sont pas dans le camp des travailleurs.

En tout cas, ces emploi-jeunes ne se soumettent pas. Ils sont ainsi au fond " intégrés au monde du travail "... sur un plan essentiel, celui de la lutte. Beaucoup savent bien déjà, et cela qu'ils soient employé par une mairie ou à la SNCF ou ailleurs, que, comme tous les autres travailleurs, ils doivent se battre pour défendre leurs droits !

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