Les marins des remorqueurs Abeille, chargés de la sécurité maritime sur les côtes ont entamé une grève illimitée pour s'opposer à la décision du gouvernement, en l'occurrence le ministre des Transports, Gayssot, qui risquait d'entraîner le licenciement d'au moins une partie du personnel.

Jusque-là l'Etat avait délégué à la compagnie Abeille-International cette mission de sauvetage le long des côtes. Le plus connu de ces remorqueurs est l'Abeille Flandre qui veille depuis près de vingt ans à partir de Brest sur la zone la plus dangereuse, celle du rail d'Ouessant. Cette mission était d'autant plus vitale qu'avant l'Erika, qui a sombré dans le même secteur, il y avait eu le naufrage des pétroliers Torre Canyon et Amoco Cadiz, avec une pollution majeure qui avait entraîné des conséquences catastrophiques pour toute la région.

Certes, cette mission de sauvetage public aurait très bien pu et aurait même dû dès l'origine être confiée à un service public de la mer. Mais à défaut, depuis près de vingt ans ces remorqueurs et leurs équipages, avec courage et abnégation, bien souvent au péril de leur vie, ont assuré le sauvetage des équipages en danger, des navires et des côtes. Tout le monde, il y a encore quelques semaines, ministres en tête, vantait leur mérite. Le seul constat incontestable, fait par tout le monde, c'est qu'il faudrait dégager des moyens supplémentaires pour multiplier la présence de personnels aussi qualifiés avec plus de bateaux du même type.

Eh bien, le gouvernement vient de décider de rompre la délégation confiée à ces navires et à cette compagnie, pour la transférer à une autre compagnie afin de réduire les coûts. Comme le déclarait le représentant CGT des marins : " Le comble, c'est que la compagnie qui semble avoir emporté le marché est une société-écran, qui n'a même pas de marins et qui est en litige avec l'Urssaf et le fisc ". Inutile de préciser qu'il est quasiment assuré, si cela se faisait, que c'est l'insécurité qui croîtrait encore plus à tous les niveaux. Pour les marins actuels ce serait le risque de l'ANPE, et la décision du gouvernement se ferait donc au détriment des marins des Abeille, de la sécurité des équipages des autres bateaux et de toute la population.

Gayssot et Jospin singent les PDG à la Desmarest, le patron de TotalFina, avec le même type de mensonges et le même mépris.