L'établissement de La Tauvrais, qui dépend du CHU de Rennes, accueille des personnes âgées. Depuis son ouverture en 1978, la population accueillie a beaucoup changé sans que les effectifs suivent. Les patients sont de plus en plus âgés, de plus en plus malades et dépendants. Du coup, pour le personnel c'est la course en permanence. En fin de journée, les agents sont souvent épuisés et les arrêts maladie sont de plus en plus nombreux, ce qui aggrave encore la situation.

Depuis le début du mois d'avril, une bonne partie du personnel a considéré que cela ne pouvait plus durer. Plusieurs manifestations ont eu lieu à la direction, interrompant différentes réunions. Les besoins en effectifs sont tellement criants que, pour satisfaire toutes leurs exigences, il faudrait au moins 20 emplois de plus.

Dans le même temps, le personnel a décidé de ne plus " cavaler " toute la journée et de prendre le temps de s'occuper des soins aux hospitalisés. Du coup, les tâches de ménage sont souvent laissées de côté, les patients ne sont plus systématiquement habillés en tenue de ville et restent en robe de chambre. La direction ne conteste pas le bien-fondé des revendications. Elle a fait d'ailleurs quelques concessions en accordant trois emplois d'aides-soignantes. Mais elle ne veut pas aller au-delà, invoquant des raisons budgétaires. Elle s'est contentée de proposer quatre emplois-jeunes et deux contrats emplois-solidarité.

A l'occasion des débrayages et des manifestations, les agents ont dénoncé devant la presse les conditions dans lesquelles ils travaillent. Le soir, ils ont six minutes pour faire manger les malades ! Il faut donc que l'aide-soignante se mette entre deux lits et donne à manger à deux personnes à la fois ! Rien à voir avec les beaux discours sur l'attention à donner aux personnes âgées ! A plusieurs reprises des parents de personnes hospitalisées dans l'établissement se sont retrouvés aux côtés du personnel pour dénoncer.

Le 11 mai, ils ont également mis à profit l'émission Michel Field " Prise directe " qui se déroulait à Rennes pour faire état des conditions de travail des agents et du sort réservé aux personnes âgées. Lundi 15 mai, 75 personnes ont manifesté devant la salle où se réunissait le conseil d'administration. Le maire socialiste de Rennes, Edmond Hervé, ancien ministre de la Santé et président du conseil d'administration, n'a rien proposé de plus. Il a simplement discouru sur l'aide que pourraient apporter les emplois-jeunes ! C'était un encouragement pour la direction, comme si elle en avait besoin, à utiliser les contrats emplois-jeunes, ce qui permet d'avoir un peu plus de personnel à moindres frais.

Le personnel a décidé de rester mobilisé. Tout le monde dit : " Il est impensable de recommencer à travailler comme avant en regardant sans cesse la pendule ! "

La situation dans cet établissement de personnes âgées du CHU n'est malheureusement pas originale. Elle est une des illustrations de la dégradation due au manque de moyens dans les établissements de santé, comme dans tous les services publics. Il y aurait pourtant, là, de quoi créer des emplois utiles et même indispensables à la population.