Fonds de pension version Fabius12/05/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/05/une-1661.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fonds de pension version Fabius

Le ministre de l'Economie, Laurent Fabius, a transmis jeudi 4 mai aux organisations syndicales et patronales un projet d'épargne salariale que l'on présente comme " nouveau ". Il jure ses grands dieux qu'il ne s'agit pas de créer des fonds de pension et que le projet, dont le Conseil des ministres discutera en juin et l'Assemblée nationale en octobre, " ne portera en rien atteinte au principe de la répartition " pour les retraites. Pourtant, si l'expression " fonds de pension " est soigneusement évitée, cela y ressemble.

La formule d'épargne que Fabius veut créer s'appellerait Plan partenarial d'épargne salariale. Il serait alimenté par des fonds versés par les salariés, par exemple les sommes reçues au titre de la participation. Ces fonds serviraient au financement des entreprises et seraient bloqués dix ou quinze ans (actuellement, les plans d'épargne entreprise, sur lesquels est versée la participation, sont bloqués cinq ans). A la fin du plan, le bénéficiaire pourrait alors " librement " toucher soit un capital, soit une rente. Ce dernier choix, pour les retraités, ressemblerait fort à la retraite par capitalisation.

Comme Fabius veut faire passer son projet comme étant " de gauche ", il est envisagé qu'il concerne aussi les petites et moyennes entreprises, qui pourraient se regrouper pour éviter de lier l'épargne à la santé d'une seule PME. Les salariés précaires y auraient accès dès 3 mois de présence. Fabius veut y intéresser les syndicats sous prétexte de " renforcer les droits collectifs des salariés ", une négociation annuelle serait obligatoire sur cette " épargne salariale ". L'" abondement " que l'entreprise peut ajouter à l'épargne du salarié pourrait aller jusqu'à 30 000 F (au lieu de 15 000 aujourd'hui).

Fabius peut bien expliquer que son projet " permettra de faire profiter l'ensemble des salariés de la richesse créée par les sociétés de toutes tailles " et facilitera les créations d'emplois : ce dont il s'agit, c'est de mettre d'énormes sommes à la disposition des organismes financiers.

Ce sont les milliers de milliards de ces fonds, qu'ils s'appellent officiellement de pensions ou qu'ils y ressemblent sans en avoir l'étiquette, qui font baver tous les financiers.

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