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- Lutte ouvrière n°1660
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Renault Véhicules Industriels Vénissieux - Rhône : Une nouvelle grève pour les salaires
L'Usine Moteurs de RVI à Vénissieux compte environ 800 personnes embauchées, plus 150 intérimaires. Elle produit les moteurs qui seront expédiés aux différents sites de montage de camions en Europe.
Au début du mois d'avril un mouvement avait eu lieu chez les magasiniers qui approvisionnent les lignes de montage et les caristes qui chargent et déchargent les camions. Après une journée et demie de grève, la direction avait lâché des augmentations de salaire pour l'ensemble du personnel du secteur (hors intérimaires) : entre 180 et 220 F par personne.
Malgré la propagande de la direction et de la maîtrise qui affirmaient que ces mesures étaient réservées au secteur parce que le personnel avait fait des efforts particuliers, les travailleurs des autres secteurs de l'usine ont ressenti cela comme un encouragement.
Aussi, à l'atelier des Pièces Diverses, qui regroupe une soixantaine d'ouvriers sur plusieurs secteurs d'usinage, jeudi 13 avril, les travailleurs ont déposé leurs revendications, en particulier augmentation de 1 000 F pour tous et embauche de tous les intérimaires. Ils attendaient une réponse pour le lundi suivant à 8 heures.
La direction les a alors réunis, déclarant que ces revendications étaient irréalistes : les 1 000 F d'après elle représenteraient 15 % d'augmentation. C'est moins que les 21 % que se sont accordés les 10 plus hauts salaires de RVI les deux dernières années.
Le lundi matin, les travailleurs débutèrent la grève à 8 heures, ainsi qu'ils l'avaient annoncé. Ne restaient au travail que les chefs d'équipe, les techniciens d'atelier, les intérimaires. La direction se borna alors à nous rappeler les augmentations générales annoncées lors de la réunion salaire de février, soit 1 % pour l'ensemble de l'année 2000.
Nous avons fait un tour dans les autres ateliers de l'usine, entre autres sur les lignes de montage, en distribuant un tract expliquant notre action. Puis nous avons attendu l'équipe du soir qui a décidé elle aussi de se mettre en grève.
Pendant toute la semaine, la direction a fait la sourde oreille aux revendications des grévistes. Elle les recevait plusieurs fois par jour, mais c'était chaque fois pour leur dire que tout le monde avait eu une augmentation individuelle de salaire récemment en remontant même jusqu'au début de l'année 1998. Le seul point sur lequel elle avait fait une petite avancée était deux embauches supplémentaires dans l'atelier.
Bien que le chef de bâtiment ait affirmé devant les grévistes qu'aucun moteur n'avait été perdu à cause du mouvement, les lignes de montage ont commencé à tourner en demi-cadence dès le mercredi. La direction a essayé de mobiliser les techniciens des Méthodes pour nous remplacer sur les machines mais elle a reculé devant leur manque d'enthousiasme. Elle a quand même mobilisé le samedi matin du week-end de Pâques les chefs d'équipe, d'atelier, de fabrication qui pour une fois avaient revêtu les bleus et pris des gants. Mais comme le reconnaissait l'un d'entre eux, ils n'ont pas fait grand-chose.
Le mardi 25, les chaînes de montage étaient donc toujours arrêtées. La direction ne voulait toujours rien lâcher, pas même ce qu'elle avait accordé à la veille du week-end de Pâques aux grévistes de Blainville. Ceux-ci, après six semaines de débrayages et deux jours de grève totale ont obtenu 250 F d'augmentation pour 1900 d'entre eux. Pour les grévistes de Vénissieux, il était hors de question de reprendre le travail sans une augmentation égale pour tous.
Le mercredi matin, dès 6 heures, la direction faisait de nouvelles propositions : 200 F d'augmentation pour tous, mais étalés sur un an. Les grévistes ont donc refusé ces propositions, demandant que les augmentations soient versées tout de suite. La direction faisait alors une dernière proposition, toujours de 200 F, la plupart les touchant avant la fin de l'année. 15 % des heures de grève seront payées et les retenues étalées sur 5 mois. Le chef de bâtiment proposait de payer les heures de grève de la matinée si nous reprenions le travail tout de suite et menaçait de tout reprendre à zéro si nous n'avions pas repris à midi.
Un vote parmi les grévistes donnait alors une très grosse majorité pour arrêter la grève, seule une toute petite minorité se prononçant pour la continuer.
A ce moment les lignes de montage avaient été arrêtées et le personnel lock-outé. Mais les grévistes ont repris avec le sentiment d'avoir fait reculer la direction, sur le principe des embauches et le blocage des salaires, même si le résultat est loin des revendications de départ.