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Dans les entreprises
Dassault Argenteuil : On ne cède pas
L'assemblée générale des actionnaires de Dassault-Aviation convoquée le 26 avril s'est tenue dans un climat inhabituel.
Dès 14 heures, plusieurs centaines de salariés d'Argenteuil descendaient l'avenue des Champs-Elysées, du Fouquet's au Rond-Point des Champs-Elysées, sous le regard éberlué des gradés de la police qui prétendaient qu'il ne s'agissait pas du parcours convenu de la manifestation. Peut-être, mais de toute façon, sur le parcours paraît-il prévu, passant par l'avenue Montaigne, arrivaient également d'autres centaines de salariés de Biarritz et Bordeaux.
La façade de l'hôtel particulier de Dassault était alors copieusement arrosée d'oeufs et de pétards. C'est à ce moment-là que les CRS, en nombre, sont intervenus violemment pour nous faire refluer.
Fallait-il voir là la contribution du gouvernement de la gauche plurielle au conflit ? Ce serait alors la seule, car il n'y a eu aucune autre initiative du gouvernement qui pourtant ne manquerait pas de moyens de pression sur Dassault, tant celui-ci est dépendant des fonds de l'État. De toute façon, les travailleurs ne se font pas d'illusion et n'attendent rien du gouvernement.
Pendant que tous les actionnaires, et en premier lieu l'actionnaire principal Serge Dassault, se partageaient le gâteau, la direction générale recevait fort longuement une délégation syndicale.
Le lendemain nous avons appris que la direction accordait quelques broutilles mineures et tentait d'obtenir la reprise normale du travail en échange du paiement des heures de débrayage d'avril.
Un vote à bulletin secret, organisé par la CGT et la CFDT qui mènent le mouvement dans tous les établissements, a donc eu lieu sur tous les sites concernés par le conflit. A Argenteuil, sur 545 participants, 276 se prononçaient pour continuer l'action, 242 pour la " suspendre " bien qu'insatisfaits, trente-trois se déclaraient satisfaits et pour la reprise.
Sur l'ensemble de la société, 1 288 sur 1 901 votants se prononçaient pour continuer ; 556 pour " suspendre " ; cinquante pour arrêter.
Même en monnayant la reprise normale de l'activité contre le paiement du débrayage, la direction n'arrive donc toujours pas, dans la dixième semaine de conflit, à arrêter notre offensive pour qu'elle lâche les 1 500 F qu'il nous faut à tous.