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Leur société
Chômage : Indécente satisfaction du gouvernement
Martine Aubry a largement commenté, sur le mode de l'autosatisfaction, les chiffres du chômage de mars publiés par son ministère : " La France peut fêter le 1er Mai avec une nouvelle et forte baisse du chômage ".
Seulement si le chiffre officiel du nombre des demandeurs d'emplois est ramené juste au-dessus de 10 % de la population active, il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser. Car même sans parler des réserves qu'on peut avoir sur ces statistiques arrangées en fonction des effets d'annonce voulus par le pouvoir, on en resterait à deux millions cinq cent mille chômeurs, chiffre qui aurait été considéré comme catastrophique il y a vingt ans.
Mais en plus il faudrait rajouter plus d'un million à ce chiffre pour avoir une approche du nombre réel des chômeurs. Déjà on arrive à trois millions, si on se base sur les critères du Bureau International du Travail qui incluent les chômeurs ayant travaillé plus de 78 heures dans le mois. Par ailleurs sur 1 145 000 allocataires du RMI recensés, près de 50 % ne sont plus recensés comme demandeurs d'emplois n'éprouvant même plus la nécessité de continuer à pointer pour rester inscrits à l'ANPE
Enfin les annonces successives de plans de suppressions d'emplois dans nombre de grandes entreprises viennent modérer l'enthousiasme de la ministre : Michelin, Alstom, Aventis et combien d'autres...
En réalité tout le monde reconnaît que ces dernières années, et tout particulièrement dans la dernière période, on a assisté à une explosion de la précarité sous toutes ses formes : Contrats à Durée Déterminée (CDD), intérim, ou temps partiel imposé. Dans de très nombreuses entreprises, et dans les plus grandes en particulier, comme dans l'automobile, le remplacement des anciens qui partent se fait par des plus jeunes, employés avec des salaires dérisoires, à des horaires réduits et donc avec une paye elle aussi réduite d'autant, mais avec une pression toujours plus forte sur les cadences demandées.
Ce problème du temps partiel imposé est un véritable drame pour des couches toujours plus larges de travailleurs et surtout de travailleuses. Car si le nombre de travailleurs à temps partiel a augmenté de 50 % dans les dernières années, les 4 / 5es sont des femmes. Ce sont par exemple les caissières de supermarché qui font un horaire officiel de trente heures ou moins, avec une paye donc en-dessous du SMIC, mais avec des amplitudes qui les obligent à passer jusqu'à treize heures en dehors de chez elles, et leur interdisent tout autre travail.
Ce qui fait que les études officielles sont bien obligées de reconnaître qu'on assiste au développement, dans des proportions considérables, d'une nouvelle catégorie : les pauvres qui travaillent. En France le seuil de pauvreté est fixé à 3 800 francs pour une personne seule, c'est le nombre de salariés dans cette situation qui a connu une augmentation considérable ces dernières années du fait de cette précarité tous azimuts.
Alors l'autosatisfaction de Martine Aubry a quelque chose d'indécent en regard de la situation à laquelle est confrontée une bonne partie de la classe ouvrière de ce pays, pour qui l'éradication totale du chômage reste un objectif prioritaire. Cet objectif ne peut en aucune façon être celui de Martine Aubry et de Jospin, car pour cela il faudrait oser s'attaquer aux profits et privilèges du patronat et des classes riches.