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Leur société
Sans-papiers : Les associations dénoncent le comportement du gouvernement
Jeudi 6 avril, dans une lettre au Premier ministre, vingt-neuf associations défendant la régularisation des sans-papiers ont interpellé le gouvernement sur l'application de la loi Chevènement. L'arbitraire dans l'attribution ou non de papiers aboutit à laisser dans des situations dramatiques, condamnés à la clandestinité et menacés d'expulsion, de nombreux travailleurs étrangers qui avaient fait une demande de régularisation en pensant présenter les critères requis pour être régularisés.
Pour étayer leur protestation, les associations ont donné l'exemple d'une dizaine de cas particulièrement significatifs, et choisis parmi des centaines, où des étrangers ont tenté vainement d'avoir des titres de séjour après avoir présenté de nombreuses preuves de leur séjour régulier en France. Les tribunaux administratifs sont engorgés de plaintes de ces sans-papiers qui contestent la manière dont la décision à leur encontre a été prise.
Le problème de leur avenir en France est également posé pour tous ceux qui n'ont réussi à obtenir qu'un titre de séjour temporaire et dont le sort n'est pas définitivement réglé.
Réunies au siège de la Ligue des Droits de l'Homme ce même 6 avril, les associations, qui entendent ainsi relancer la campagne en faveur de la régularisation des sans-papiers, ont dénoncé également les conditions d'application de la circulaire Chevènement du 11 octobre 1999 qui a encouragé les préfectures à prendre toutes les mesures " appropriées " pour expulser le plus rapidement possible les étrangers en situation irrégulière. Dans le Rhône, en mars, cela s'est traduit par la signature de 300 arrêtés de reconduite à la frontière en moins de dix jours !
Plusieurs étrangers ainsi reconduits brutalement à la frontière sans avoir pu prévenir leur famille ou emmener leurs effets avec eux, et parfois victimes de violence, comme Mamadou Dabo frappé et étouffé avec des coussins par des policiers à Roissy lors de son embarquement pour le Mali, ont porté plainte.
Enfin, les associations ont rendu public un rapport fait par la Cimade, le Syndicat des Avocats de France, le Syndicat de la Magistrature, le MRAP et la Ligue des Droits de l'Homme sur l'accueil réservé aux étrangers dans les préfectures. La liste des tracasseries contre les étrangers est longue : files d'attente interminables, liste jamais close de papiers à fournir, délais de réponse anormalement longs, jusqu'à " l'oubli " de délivrer un récépissé lors de la demande d'un premier titre de séjour, ce récépissé évitant d'être considéré comme un clandestin lors d'un contrôle !
L'administration promet de faire des efforts au niveau de l'accueil mais elle s'épargnerait bien du temps et du travail si ce gouvernement prétendument de gauche adoptait la seule mesure juste et humaine d'" accueil " que tous attendent : la régularisation sans attendre de tous les sans-papiers qui en ont fait la demande !