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- Lutte ouvrière n°1658
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Leur société
La droite vide ses placards : Balla... dur pour les autres
Invité de l'émission de Michel Drucker, Vivement Dimanche, l'ex-ami de 30 ans de Chirac, Balladur s'est efforcé de faire bonne figure et de faire oublier cette attitude hautaine que les caricaturistes représentent par un marquis dans une chaise à porteurs. Mais on sait qu'il est bien difficile de chasser le naturel sans qu'il revienne au grand galop.
Interrogé sur les retraites, il s'est autofélicité d'avoir fait passer le temps de cotisation dans le secteur privé de 37,5 à 40 annuités. Pour tenter de justifier l'injustifiable, il s'est lancé dans une explication qui confirme que ces gens-là vivent dans un autre monde, hermétique au monde réel, en particulier celui du travail. Selon lui, un temps plus faible de cotisations pouvait se justifier dans le passé quand il y avait des travaux durs et difficiles, mais plus aujourd'hui. Tiens donc !
Dans son livre, Paroles de prolétaires, Arlette Laguiller cite des témoignages de travailleurs et de travailleuses, qui font le constat que dans les usines, les hôpitaux, les grandes surfaces ou ailleurs, les salariés subissent, aujourd'hui et pas il y a trente ans, des conditions de travail qui n'ont rien à envier à celles du passé.
Dans un chapitre consacré aux usines Renault de Flins, on y voit que non seulement la réputation " sociale " de cette entreprise est bien usurpée mais que la condition ouvrière, au lieu de s'être améliorée, s'est aggravée : " En chaîne, il y a beaucoup de gars très usés. Autrefois, la cinquantaine passée, on commençait à sortir de la chaîne. On essayait de trouver, même au Montage, des postes moins durs. Mais tous ces postes, à côté de la chaîne, dits de " préparation ", où on montait des sous-ensembles, où on préparait des habillages de portes, etc., tout cela a disparu. De plus, en plus, c'est celui qui va faire le montage qui fait aussi la préparation. On a supprimé tous ces postes sur lesquels les gens les plus âgés pouvaient souffler un peu. Les gars restent en chaîne jusqu'au dernier moment. De plus beaucoup sont des travailleurs marocains qui ont travaillé dans les mines avant de venir à Renault dans les années soixante-dix. Ces gars-là ont passé des années au Montage. Ils arrivent officiellement à 57 ans, mais beaucoup s'étaient rajeunis pour venir travailler en France. Certains ont en fait aux environs de soixante ans et restent en chaîne, complètement exténués. "
Pour ces travailleurs et bien d'autres, il n'y a donc aucune raison d'attendre deux ans et demi de plus pour bénéficier d'une retraite à taux plein, largement justifiée.