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Leur société
Elf : Le " système Elf " en Afrique
La diffusion sur la chaîne Arte d'une enquête sur les activités d'Elf en Afrique a montré le caractère souvent trouble des relations entre la compagnie pétrolière et les gouvernements des anciennes colonies d'Afrique équatoriale, comme au Congo-Brazzaville ou encore comme en Angola, pays qui possède les plus riches gisements de pétrole du golfe de Guinée convoités par le pétrolier français.
S'appuyant sur des témoignages inédits (présidents d'Elf, dictateurs africains), l'enquête a démontré comment la compagnie pétrolière intervient directement dans la politique des Etats africains. Par exemple, on apprend par le témoignage de ces protagonistes de premier plan qu'en Angola, Elf " arrose " directement le parti au pouvoir, le MPLA, de Dos Santos... mais aussi le parti de la rébellion, l'Unità de Savimbi, pour pouvoir extraire le pétrole angolais en toute tranquillité.
Autre exemple : le Congo-Brazzaville. Trente ans après l'indépendance, l'enquête montre que cet Etat est totalement dépendant de la compagnie pétrolière. Le gouvernement " élu " ne contrôle aucun rouage économique : ni la quantité de pétrole qu'Elf extrait de son sous-sol congolais, ni le prix auquel la compagnie vend le pétrole sur les marchés internationaux. Et si les ministres s'enrichissent au passage profitant des largesses financières d'Elf, la population, elle, survit dans la misère. Véritable gouvernement fantoche, le gouvernement congolais en est réduit à quémander à l'Etat français (et à Elf) les subsides nécessaires au paiement de ses fonctionnaires ! Tour de force des enquêteurs, l'interview de Loïk Le Floch-Prigent, président d'Elf-Aquitaine, qui avoue avec cynisme qu'Elf volait tout simplement l'Etat congolais en pillant les richesses du pays. Il reconnaît le plus naturellement du monde que des pétroliers affrétés par Elf arrivaient vides et repartaient les cales pleines de pétrole sans que cela apparaisse dans une quelconque comptabilité. Les profits ainsi dégagés servaient à alimenter les " caisses noires " de la compagnie. Entre ce qu'Elf devait et versait au Trésor congolais, l'écart pouvait se monter facilement à plusieurs millions de dollars. Et pour tout cela, mis à part le changement de nom de la compagnie, l'imparfait est certainement de trop.