Éboueurs de Dijon : Troisième semaine de grève21/04/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/04/une-1658.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Éboueurs de Dijon : Troisième semaine de grève

Les travailleurs de la Franco-Suisse, à Dijon, qui collectent les ordures ménagères sur 34 communes de l'agglomération, en sont à leur troisième semaine de grève.

Tous les " rippers " et les chauffeurs, c'est-à-dire 140 personnes, sont en grève, avec la CGT. Ils se heurtent à une direction intransigeante, aux ordres de la Lyonnaise des Eaux, dont la Franco-Suisse est une filiale.

Les revendications portent sur les effectifs : ils travaillent 6 jours sur 7, sans pouvoir prendre le jour de repos auquel ils ont droit, faute de personnel pour les remplacer. Aujourd'hui, la direction leur doit la bagatelle de 7 000 jours de repos.

Autant dire que quand la direction a annoncé, sous prétexte des 35 heures, qu'elle allait encore réduire les effectifs de 20 personnes, les travailleurs se sont mis en colère.

Dès le mardi 28 mars, les 140 rippers et chauffeurs ont cessé le travail et bloqué l'entrée de l'entreprise.

La direction, par son arrogance, a contribué au durcissement de la grève. Depuis le début, elle reste sur ses positions : le directeur propose de travailler 3 heures de plus par semaine, ce qui occasionnerait un " gain de productivité " pour l'entreprise. Il ne propose qu'un passage en CDI pour remplacer un chauffeur qui part en retraite, alors qu'il en faudrait 30 !

D'autre part, la Franco-Suisse argumente sur le fait que l'agglomération renouvelle le contrat de service le 31 décembre 2000, et que la concurrence serait telle qu'elle devrait casser la convention collective actuelle, ce qui ramènerait les salaires à 5 500 F net au lieu de 8 000 F net aujourd'hui. Cela passe d'autant moins chez les grévistes que les actionnaires de la Franco-Suisse s'apprêtent à se partager les bénéfices de 1999, c'est-à-dire 600 millions de francs.

Dans la nuit du 4 au 5 avril, la direction nationale de la Franco-Suisse tentait un coup de force au centre-ville de Dijon, avec du personnel venu de Lyon et de Clamecy dans la Nièvre, sous protection des CRS. Devant l'impopularité et le ridicule de cet essai, l'opération n'a pas été renouvelée.

Le lundi 10 avril, le maire de Dijon organisait le ramassage des ordures par les employés municipaux. Dès le mardi, les grévistes bloquaient l'usine d'incinération, empêchant tout camion de décharger. Mercredi soir, la mairie abandonnait toute tentative de ramassage des ordures.

Entre-temps, les grévistes avaient organisé une manifestation à Dijon regroupant 300 personnes. Régulièrement, ils distribuent des tracts à la population, notamment dans les zones industrielles.

C'est certainement aussi cela qui fait que la population est solidaire, malgré les désagréments que la grève entraîne, malgré les tonnes d'ordures sur les trottoirs, malgré les odeurs qu'on imagine bien, malgré... les rats qui commencent à faire leur apparition.

Les grévistes ne se démoralisent pas, au contraire. Face à une direction qui joue... le pourrissement, les grévistes sont de plus en plus déterminés. " On est acculés, on ne peut plus reculer ", disent certains. Leur solidarité et leur combativité n'ont pas baissé, au contraire.

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