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- Lutte ouvrière n°1657
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Chine : Les travailleurs paient le démantèlement du secteur étatique
20 000 travailleurs se sont heurtés aux forces de l'ordre, fin février, dans le nord-est de la Chine, pour protester contre la faiblesse de leurs indemnités de licenciement. Ils travaillaient dans des mines de molybdène, un métal non ferreux utilisé dans l'électronique et l'aéronautique, dans une petite ville à 350 km au nord de Pékin. Leurs mines ont été fermées en décembre, et les indemnités de licenciement versées à ces travailleurs étaient si minces qu'elles leur permettaient tout juste de tenir quelques mois. De plus, selon ce que rapporte le journal La Tribune, ce qui a attisé la colère de ces travailleurs est le fait que la cession des camions, bennes, gros équipements de la mine au moment de sa fermeture, s'est manifestement faite au profit de quelques cadres du Parti ou amis des responsables de la mine, et de façon bien plus avantageuse que ne s'est règlé leur sort.
Fin février, 20 000 mineurs et leurs familles ont donc barricadé les rues, fait le siège des bureaux de la mine, incendié des voitures et fracassé des locaux. La police ne venant pas à bout de l'émeute, 1000 soldats ont été dépêchés sur les lieux.
Dernièrement, c'est dans le sud-est de la Chine que des mineurs ont bloqué une ligne de chemin de fer. Apparemment, ces mouvements de colère ont la même origine, la décision prise il y a un an lors de l'établissement de la nouvelle constitution, d'accélérer le démantèlement des entreprises d'État. Commencées en 1979, les réformes touchant l'économie chinoise n'ont fait que s'accentuer ces derniers temps. 435 grandes et moyennes entreprises d'Etat ont été fermées en 1999.Depuis un an, les dettes des entreprises publiques peuvent être changées contre des actions qui permettent aux banques d'entrer dans leur capital, ce qui s'est fait dans 600 entreprises en 1999. On estime à 30 millions le nombre de chômeurs victimes du démantèlement des entreprises étatiques, soit 30 % de la main-d'oeuvre urbaine, tandis que bien souvent, le pillage des actifs des entreprises fermées se fait au profit de quelques cadres bien placés, et semble être devenu la règle dans ces privatisations. Mais manifestement cela choque la population ouvrière.
Le journal La Tribune cite le centre de surveillance des droits de l'Homme, basé à Hong Kong, qui estime qu'il y a eu 60 000 manifestations dans toute la Chine en 1998, et pas moins de 100 000 l'an passé, soit environ 300 par jour.
Le régime chinois se glorifie d'être parvenu à la porte de l'OMC, mais cette entrée dans le monde de l'économie prétendument moderne est surtout payée par la population travailleuse, précarisée et encore plus pauvre que par le passé.