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Enseignement : Réticences syndicales
L'organisation syndicale dans l'Education nationale se calque sur les différences de statuts des personnels et reproduit en partie la division en degrés d'enseignement.
Dans le primaire, le SNUIPP est le syndicat largement majoritaire ; dans le second degré, la plus grande place est occupée par le SNES ; et dans les lycées professionnels, il y a le SNETAA SNETAA et SNES adhérent tous deux à la FSU, la Fédération Syndicale Unitaire, qui est en quelque sorte une confédération de syndicats, tout comme l'est la FEN, Fédération de l'Education Nationale, dont la FSU est issue, suite à une scission. Le SNETAA est favorable à la réforme Allègre dans les lycées professionnels. Le SNES dénonce les chartes.
D'autres organisations syndicales existent. Sans entrer dans le détail des syndicats spécifiques à telle ou telle catégorie d'enseignants, on retrouve dans les collèges et les lycées la CFDT, FO et parfois la CGT.
Dans les lycées professionnels, là où le mouvement a démarré et est resté fort, le SNETAA est le principal syndicat, du moins si l'on prend en compte les résultats des dernières élections professionnelles. Le SNETAA a participé à l'élaboration de la charte de l'enseignement professionnel intégré, cette fameuse charte dont les enseignants réclament aujourd'hui le retrait pur et simple. D'où un malaise, voire un fort mécontentement à l'égard de ce syndicat, y compris parmi ses partisans. Alors que le mouvement se développait, le SNETAA s'abstenait sur le statut des PLP et dans le mouvement de grève est resté le grand absent.
Ce sont donc les " syndicats minoritaires ", comme ils n'hésitent pas eux-mêmes à le rappeler (surtout quand cela les arrange), qui ont contesté les réformes. D'abord la CGT existant presque exclusivement dans les lycées professionnels, ainsi que FO, la CFDT ou le SE-FEN, sans oublier SUD ou la CNT qui, s'ils ne sont pas reconnus " représentatifs ", comptent des militants actifs. Ce sont les militants de la CGT qui ont les premiers appelé à des assemblées générales, à la grève et à manifester.
Mais le mécontentement des enseignants était tel que le mouvement de grève des lycées professionnels s'est rapidement étendu et approfondi, entraînant avec lui une majorité d'enseignants des LP, qui discutaient, élaboraient banderoles et tracts, et surtout ressentaient fortement le besoin de se retrouver avec les grévistes d'autres établissements pour discuter des revendications ou de la suite à donner au mouvement. Les syndicats, eux, agissaient au sein d'une intersyndicale, qui malgré l'hétérogénéité de ses objectifs, a tout fait pour apparaître comme la seule représentante du mouvement à la fois auprès de l'administration et auprès des médias. Or, très vite, des grévistes, syndiqués comme non syndiqués, ont tenu à être partie prenante dans ces assemblées, à y faire des propositions, tant sur la plate-forme revendicative que sur les actions à mener avant qu'elles soient soumises à l'ensemble des établissements en lutte.
Pour la région parisienne, l'intersyndicale a tenté d'y mettre le holà. Dans un premier temps, elle a essayé de discréditer l'assemblée en la présentant comme inefficace, en insistant sur la confusion qui y régnait... Confusion que les syndicalistes se chargeaient d'organiser. Depuis, elle a décidé, plus ou moins, de rester en retrait. Cette volonté des syndicats de garder à toute force le contrôle du mouvement, a abouti à leur aliéner la sympathie de nombreux grévistes actifs. Dans ces assemblées générales qui ont accueilli les représentants d'établissements de province à l'occasion des manifestations nationales du 16, du 21 et du 24 mars et qui s'étaient ouvertes aussi aux établissements scolaires au-delà des lycées professionnels, l'idée de la nécessité d'une délégation de représentants des établissements en lutte, présente dans toutes les discussions, s'était concrétisée par l'élection d'une cinquantaine de délégués. La CGT, FO, la CFDT s'étaient engagées à demander la présence de cette délégation lorsque Allègre les recevrait. Mais le moment venu, le lundi 20 mars, elles se sont abrités derrière le refus du ministre pour garder leur monopole de la représentation.
Il a fallu attendre le 16 mars pour que le SNES appelle les enseignants de tout le second degré, collèges et lycées, à la grève et à manifester. Mais le SNES adopte la même attitude que les autres syndicats à l'égard des assemblées d'enseignants en lutte.
Aujourd'hui qu'Allègre est " viré ", les syndicats entendent bien s'engouffrer dans la voie de la "discussion". Monique Vuillat, secrétaire générale du SNES, se félicite déjà du climat de dialogue qui permettrait la "discussion". Mais si le gouvernement a opté pour présenter, avec le frétillant Lang, une image de l'Education nationale moins rébarbative que celle d'Allègre, il est toujours question pour lui de " garder le cap " des réformes, ces réformes que ne veulent justement pas les enseignants. Non pas parce que, comme le prétendent à l'unisson la droite, le gouvernement et la presse, les enseignants refuseraient tout ce qui permettrait de disposer d'un système éducatif meilleur. Mais parce que ces réformes, comme partout ailleurs, n'ont pour seul objectif que celui de réaliser des économies dont pâtissent enseignants, personnel administratif et technique et, surtout, la majorité des élèves.