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- Lutte ouvrière n°1654
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Dans le monde
L'Union européenne face aux Balkans : Le pacte des nantis
Fin juillet 1999, les chefs d'État des grandes puissances et les dirigeants de leurs plus grandes institutions internationales lançaient à Sarajevo un " Pacte de stabilité pour les Balkans ". Depuis lors, le chaos continue dans les Balkans.
Les organisations, les États, se disputent les projets de reconstruction et surtout les fonds correspondants, sans que rien de concret ou presque n'en sorte pour les peuples concernés.
Bernard Kouchner en est même réduit à " supplier ", selon son propre terme, pour obtenir les fonds nécessaires simplement au fonctionnement de la mission des Nations unies qu'il dirige...
L'Union européenne et ses Etats membres sont aux premières loges de cette foire sordide. A la fin de la guerre contre la Serbie et le Kosovo, ils avaient brandi le miroir aux alouettes d'une perspective d'intégration au sein de l'UE pour l'Albanie, la Macédoine, la Croatie, etc. Sur ce plan, près d'un an après, l'UE n'en est qu'à envisager de commencer, à la fin mars, des négociations sur un éventuel " accord de stabilisation et d'association " avec la seule toute petite Macédoine... L'Albanie ne serait " pas prête " ; en Bosnie-Herzégovine, les conditions ne seraient pas rassemblées, etc.
Les États de l'Union européenne avaient aussi fait des promesses solennelles d'aides financières à la reconstruction du Kosovo (après avoir été parties prenantes dans les opérations de destruction !). Aujourd'hui, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, évoque un montant global de 5 milliards et demi d'euros pour la période 2000-2006, mais la presse nous dit aussitôt que " sa traduction en termes budgétaires pose déjà de sérieux problèmes à certains gouvernements membres, dont la France, ainsi qu'au Parlement européen "... On ne se souvient pourtant pas que le financement des trois mois de la guerre menée en 1999 contre l'ex- Yougoslavie ait posé au gouvernement français de " sérieux problèmes " pour se traduire en termes budgétaires !
Le comble, si on peut dire, est un des prétextes invoqués : le Kosovo et le Monténégro, n'étant pas des pays souverains, n'auraient en principe pas droit à des prêts des institutions financières internationales. Pensez donc, cela poserait un problème juridique. Quand il s'agissait de balancer des bombes, cela n'en posait aucun !