Vendredi 10 mars, le jour même où la direction de Renault le Mans assignait 46 travailleurs en justice, le journal France-Soir titrait sur les " pratiques illégales " de l'usine mancelle. L'article, repris par la plupart des quotidiens, donnait un aperçu de la manière dont les directeurs de l'usine du Mans nous fichent : tableaux répertoriant le nombre de grèves par salarié - calculé en pourcentage -, commentaires personnels sur certains d'entre nous, du style : " tendance rouge ", " rouge pâle ", ou " râleur " - en plus étoffé la plupart du temps - ou encore fiches sur les signataires des pétitions... Deux jours avant, pour l'établissement de Rueil-Lardy, la CGT avait distribué un tract faisant état d'une situation analogue.

A vrai dire, ce n'est pas une découverte. Nous savons tous dans l'entreprise que les dossiers existent, que les activités syndicales, politiques, les prises de position des uns et des autres sont répertoriées. Et ce ne sont pas des " méthodes " nouvelles ; il y a belle lurette que cela se pratique chez les patrons, que ce soit chez Renault, Citroën ou ailleurs.

Il n'y en avait qu'un qui prétendait l'ignorer : le PDG en personne ! En tout cas c'est ce qu'il a essayé de faire avaler !

Impliqué dans l'affaire du sang contaminé, puisqu'il travaillait à l'époque dans le cabinet de Laurent Fabius, le même Schweitzer avait également déclaré qu'il n'était au courant de rien.

S'il y a une fiche sur Schweitzer au MEDEF, elle doit porter la mention : " Joue toujours et très mal la même comédie ".