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Leur société
PCF : " parti ouvert " cherche nouveaux dirigeants, communistes s'abstenir
A quelques semaines du prochain congrès du PCF, une première liste de candidats à la future direction du parti est en ce moment rendue publique. Un des aspects dont se félicite Robert Hue est le fait qu'y figurent des " personnalités " qui, il y a peu, n'appartenaient pas au PCF. C'est notamment le cas de Nasser Ramdane, vice-président de SOS- Racisme, qui avant de se rapprocher du PCF pour figurer sur la liste " Bouge l'Europe " aux dernières élections européennes avait milité neuf ans au sein du PS dans le courant de la gauche socialiste. Mais il y a aussi des " jeunes " qui figuraient sur cette liste en tant que militants de diverses associations, qu'il s'agisse des droits des homosexuels, des jeunes de banlieue ou des femmes algériennes et qui, leur carte du PCF aussitôt prise, se voient ainsi propulsés à la direction. Et le dirigeant du PCF dit en attendre d'autres...
Il s'agit donc, à la tête du parti cette fois, de continuer la démarche qui avait été celle du PCF aux dernières élections européennes. En s'ouvrant ostensiblement à des personnalités qui ont acquis une certaine popularité alors qu'elles n'étaient pas membres du PCF, la direction du parti espère attirer vers celui-ci la sympathie qu'a pu susciter leur combat, et surtout apparaître comme ouverte à toutes les sensibilités. Le score de la liste " Bouge l'Europe " n'avait pas été très convaincant, mais cela n'empêche pas Robert Hue de récidiver à l'occasion du 30e congrès. Il appelle d'ailleurs de ses voeux, dans une interview au journal Le Monde , " un renouvellement large, profond et significatif des directions ", " avec des jeunes femmes et des jeunes hommes de trente ou trente-cinq ans qui sont au coeur de la vie associative dans leur département ", même si cela nécessite " un certain nombre de départs ".
Voilà qui sonne comme un appel du pied à prendre des places dans le PCF pour tout ce milieu de militants associatifs que sa conception de la société rapproche traditionnellement de la social-démocratie, mais dont Robert Hue espère qu'un certain nombre seront rejetés dans les bras de son parti par la politique que mène aujourd'hui Jospin.
Rien ne dit que ce signal sera entendu de ceux auxquels il s'adresse, au-delà de quelques ralliements individuels. Mais ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'un geste politique. Sans doute, il y a bien longtemps que la politique menée par le PCF est purement réformiste et n'a de communiste que le nom. Mais quand Robert Hue dit vouloir faire " bouger " le PC, c'est justement pour lui faire afficher plus ouvertement encore son réformisme et les distances prises avec cette appellation communiste qu'il tient d'un lointain passé. Et ce geste a une signification aussi vis-à-vis des militants communistes qui s'obstinent depuis des années à faire vivre, dans les usines et les quartiers, les structures de leur parti, et pour qui la référence communiste évoque toujours la lutte de classe et la perspective d'une société débarrassée du capitalisme.
C'est ces militants-là que Robert Hue avertit qu'il considère leurs idées, leurs conceptions du militantisme comme dépassées, en voulant porter à la tête de leur propre parti des ralliés à qui il ne demande rien d'autre que d'accepter d'adhérer sans rien changer à ce qu'ils sont. C'est à eux qu'il signifie que désormais au PCF tout vaut mieux que d'être communiste.
Alors, tout ce que l'on peut souhaiter, c'est qu'un grand nombre de militants du PCF, loin de se décourager, soient au contraire poussés à renouer avec les idées du véritable communisme révolutionnaire. Car ces idées, contrairement à ce que cherche à faire passer le principal dirigeant du parti, n'ont rien de ringard. Au contraire, ce sont les seules idées qui puissent ouvrir un véritable avenir à l'humanité, en lui permettant un jour d'en finir avec le capitalisme et toutes les formes d'oppression !