Impôts et prélèvements obligatoires : Qui paye et pour quoi ?10/03/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/03/une-1652.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Impôts et prélèvements obligatoires : Qui paye et pour quoi ?

Faut-il baisser les impôts ou augmenter les dépenses ? s'interrogent sérieusement gouvernants, politiciens et patrons, qui ont toutes les chances de tomber d'accord sur de nouvelles baisses d'impôts pour les entreprises et sur de nouvelles réductions des dépenses utiles à la population. Cela n'a évidemment rien à voir avec un budget qui prendrait en compte les intérêts du monde du travail.

Car il faudrait non seulement baisser mais même supprimer certains impôts comme la TVA et la TIPP (taxe sur les carburants), deux impôts indirects particulièrement lourds et injustes. Et bien sûr qu'il faudrait arrêter de faire des économies en matière de dépenses sociales mais au contraire augmenter ces dépenses et les investissements dans tous les domaines qui concernent directement la vie de la population comme la santé, l'éducation, les transports, le logement. Il n'est évidemment pas question de cela pour le gouvernement Jospin, tout de gauche qu'il se dise.

En revanche, la presse discute doctement sur le montant des prélèvements obligatoires, qui représentent en gros la somme des impôts (directs et indirects) et des charges sociales (patronales et salariales). Le RPR reproche au gouvernement Jospin d'avoir porté ces prélèvements obligatoires à 45,7 % des richesses produites dans le pays en 1999 au lieu des 44,7 % prévus. Jospin rétorque que Juppé avait atteint 44,9 % en 1997 et que lui va s'appliquer à baisser les impôts dès l'an prochain.

Et personne ne semble s'intéresser à des questions plus fondamentales comme de savoir, par exemple, à quoi cet argent est dépensé et surtout qui paye ? Car si l'Etat prélevait directement à la source, dans les caisses des entreprises, une part, même très importante, des richesses produites pour améliorer collectivement le sort de la population, développer les services publics, améliorer les soins, l'éducation, cela n'aurait rien de choquant. Si le budget de l'Etat était alimenté par l'augmentation des impôts sur les plus fortunés, ceux qui se situent dans les tranches supérieures d'imposition, sur les profits financiers, sur toutes les plus-values boursières, sur les profits amassés en pratiquant rentabilisation et plans sociaux, bien sûr qu'il pourrait alors financer largement et sans craindre aucun déficit tout ce qui permettrait d'améliorer les conditions de vie de la population.

Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Les dépenses de l'Etat servent de plus en plus à subventionner les patrons, à garantir leurs marchés et leurs marges bénéficiaires, au détriment des services publics, qui voient leurs effectifs baisser. Quant à la Sécurité sociale, tout le monde a pu voir que ses prestations diminuent, à tel point qu'il faut à présent payer en plus pour des mutuelles, des assurances, des retraites complémentaires...

Pour ce qui est de payer, ce sont de plus en plus les particuliers et de moins en moins les entreprises qui sont sollicités. Dans l'augmentation des prélèvements obligatoires, la part des impôts directs et de la TVA monte de façon importante. Or ils sont tous les deux payés par les particuliers. Du côté de la Sécurité sociale aussi, on assiste à un glissement progressif en ce qui concerne les charges patronales. A force de répéter que les charges sont trop élevées, les patrons ont réussi à obtenir des déductions très importantes, en particulier sur les salaires modestes et sur les temps partiels.

La nouvelle loi sur les 35 heures va même en rajouter une louche, en exonérant de tout ou partie des charges patronales les salaires inférieurs à 1,8 Smic. Cela touche la moitié des salariés ! Ces sommes exonérées, même si elles restent comptées comme charges patronales dans les calculs officiels, sont en fait compensées par le budget de l'Etat, ce qui signifie qu'elles sont en très grande partie reprises dans notre poche.

Au lieu de prendre les profits capitalistes pour satisfaire les besoins collectifs, l'Etat prend toujours plus dans la poche des salariés pour garantir les premiers. Alors il ne s'agit pas de discuter les pourcentages, mais bien d'inverser le mouvement.

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