A Dassault Argenteuil, après un premier débrayage rassemblant plusieurs centaines de salariés revendiquant 1 500 F pour tous, relaté dans le numéro précédent de Lutte Ouvrière, le mouvement a pris de l'ampleur.

Sous l'impulsion des plus déterminés, principalement de nouveaux embauchés payés aux alentours de 7 000 F mensuels, le mécontentement, latent chez tous les salariés, s'exprime maintenant plus largement. Le mardi 29 février, à l'appel de la CGT et de la CFDT, qui s'est jointe au mouvement, c'est à près de 600 que nous avons manifesté dans l'usine aux cris de " Nous voulons, nous aurons 1 500 F " ou encore " Dassault doit payer !". Cette fois-ci, c'est l'ensemble de l'usine, bureaux compris, que nous avons visité avant d'envahir les locaux où devaient se tenir les réunions des délégués du personnel et du Comité d'entreprise avec la direction.

En fait, lors de ces réunions, ce sont nos slogans qui ont fait office d'ordre du jour.

Le vendredi 3 mars, dès 9 heures du matin, c'est encore à près de 800 salariés que nous nous sommes retrouvés au meeting syndical. Car les motifs de mécontentement s'accumulent, y compris chez les techniciens, touchés comme tout un chacun par une réduction d'horaire bidon, agrémentée de pauses alibis, qui restent en travers de la gorge de tous.

Mais si ce même vendredi, le travail n'a pas vraiment repris de la journée, si nous avons été nombreux à manifester dans les rues voisines de l'usine, c'est parce que nous en avons surtout ras le bol du blocage des salaires et que cela unifie notre volonté à tous de rester offensifs.

La volonté de faire reculer Dassault s'est à nouveau manifestée lundi matin 6 mars, où dès 9 heures, nous étions près de 400 à empêcher le départ d'un tronçon d'avion Falcon. L'après-midi, après une nouvelle manifestation autour de l'usine, nous sommes retournés à plus de 500 dans les bureaux de la direction pour affirmer notre principale revendication : 1 500 F pour tous.

Une assemblée générale était prévue le mardi 7 mars, suivie d'un barbecue géant sur les pelouses de l'usine, qui devait décider d'aller à la direction générale le mercredi 8.

Face à cette montée de la combativité, la direction temporise comme elle peut en espérant que notre mouvement ne s'étendra pas à d'autres usines du groupe.

Aussi, ce n'est plus l'arrogance qui prévaut chez nos directeurs, qui ont mesuré de près, à plusieurs reprises, l'exaspération et la détermination des plus jeunes, ainsi que le mécontentement de tous.

Ce qu'il faut maintenant, c'est obtenir de Dassault les 1 500 F pour tous. Les nouveaux embauchés ont montré la voie en donnant du tonus à tous, y compris aux syndicats. C'est leur dynamisme qui doit continuer à donner le ton.