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Leur société
Vaches folles et farines animales : " principe de précaution " et profit
Les autorités françaises viennent de faire coup sur coup l'objet de deux rapports qui mettent en question la façon dont elles ont respecté, et font encore respecter, le fameux "principe de précaution " qu'elles mettent en avant pour justifier la poursuite de l'embargo sur la viande bovine britanique.
D'une part on apprend, avec près de cinq ans de retard, selon un document de la direction des douanes, que dans les années qui ont suivi les premiers cas de vache folle en Grande-Bretagne, c'est-à-dire entre 1988 et 1995, les exportations de viandes bovines britanniques ont doublé en direction de la France.Et quintuplé vers le Danemark, et encore été multipliées par 30 vers le Portugal ! Evidemment les prix des bovins britanniques suspectés s'effrondraient, c'était le moment d'écouler les stocks, et il y avait de gros marchés à réaliser dans l'import-export.
Puis, à partir de mars 1996, la Commission européenne a déclaré l'embargo sur les bovins britanniques et les produits dérivés.Et, en principe, sauf fraude, les importations ont cessé.
Le second rapport émane, lui, de la Commission européenne qui a envoyé des experts vétérinaires dans des fermes, abattoirs et usines de fabrication d'aliments pour animaux dans l'hexagone.Ce rapport réalisé en mai-juin 1999, dénonce un certain nombre d'irrégularités.Des animaux morts ne sont pas déclarés immédiatement, ou ne sont pas examinés. C'est que les éleveurs ne veulent pas que l'ensemble de leur troupeau soit abattu pour un seul cas de vache folle.Mais des vétérinaires et les autorités sanitaires - sans doute débordées - laissent faire.Ainsi des carcasses ont été incinérées sans enquête sur les causes de morts suspectes...
D'autre part, le prélèvement des échantillons d'aliments pour bétail est insuffisant chez les fabricants, et dans certains cas (4,2%) on a relevé des traces de farines animales dans les produits destinés aux ruminants.Il faut rappeler que les farines animales sont, depuis juin 1994, interdites par la Commission européenne, pour les ruminants, mais pas pour l'alimentation des porcins et des volailles, contrairement à ce que réclament des associations de consommateurs.Car il est évident qu'un peu de farine destinée à des cochons peut très bien atterrir dans une étable...
On remarquera l'extrême discrétion des autorités, tant européennes que françaises, sur les noms des contrevenants: quelles entreprises ont triché ? Où ont été relevées des farines interdites ? Motus et bouche cousue.
On se demande toujours si la version humaine de la maladie de la vache folle, de la maladie de Kreutzfeld-Jacob, se limitera à quelques cas, ou si, compte tenu de la durée d'incubation, on n'est pas à la veille d'une épidémie majeure. Mais quoi qu'il en soit, les autorités françaises, volontiers donneuses de leçon (Jean Glavany, à la suite du rapport européen, vient de déclarer que la France avait " le dispositif le plus rigoureux d'Europe ") demeurent encore très laxistes avec les fabricants : il s'agit de profits, c'est autrement plus important que les prions.