France Télécom - 35 heures : La direction trouve des signataires11/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1648.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom - 35 heures : La direction trouve des signataires

France Télécom vient d'obtenir la signature de trois syndicats, FO, la CFTC et la CGC, pour l'application des 35 heures.

Comme dit FO-PTT : " Certains syndicats ne signent jamais, quoi qu'il arrive, parce qu'ils sont dans une logique d'affrontement et d'affaiblissement de l'entreprise ". Heureusement, eux, par contre, sont là pour défendre l'entreprise et ses gros actionnaires !

Les signataires ne représentent que 20% du personnel, les trois syndicats qui ont refusé de signer, la CGT, Sud et la CFDT, en représentant 80%. Malgré cela l'accord va être appliqué.

France Télécom a refusé les aides de l'État, ce qui fait qu'elle n'a même pas besoin d'organiser un référendum. Les dirigeants de France Télécom savaient en effet d'avance que, en cas de référendum, ils risquaient de voir l'accord refusé par le personnel.

Donc, sous couvert d'anticiper l'accord fonction publique et " pour ne pas qu'il y ait division du personnel, entre le personnel contractuel ( 10% du personnel, qui aurait eu, sinon, l'application de l'accord Unetel, qui regroupe les différents opérateurs téléphoniques en France ) et le personnel fonctionnaire ", France Télécom a fait le forcing pour que l'accord soit signé rapidement.

Pour ce qui est de la division du personnel, il faut remarquer que , dans le domaine des rémunérations, par contre, ça ne gêne pas du tout Michel Bon qu'il y ait une différence importante entre le traitement des contractuels et les fonctionnaires.

Et France Télécom insiste pour signaler que son accord ne s'accompagne d'aucune clause de modération salariale. Il faudrait même se féliciter qu'une entreprise qui réalise plus de 15 milliards de bénéfices annuels ne gèle pas les salaires.

Mais avant tout, l'accord devait être conclu rapidement pour permettre tout de suite à France Télécom d'élargir les plages horaires et d'augmenter la flexibilité là où ce n'est pas encore fait.

C'est une des raisons de la méfiance du personnel qui refuse de considérer le samedi comme un jour ordinaire, alors que l'accord le prévoit, ni de voir ses horaires élargis jusqu'à au minimum 20 heures tous les jours, sauf le dimanche.

La réduction est quantifiée en jours de congés supplémentaires. C'est une arnaque de plus, puisque, quels que soient les horaires pratiqués actuellement ( 35, 38 ou 39 heures ) le nombre de jours attribués sera inférieur à celui qui devrait être obtenu en calculant normalement la réduction correspondante.

Par exemple, le personnel faisant 38 heures se voit voler au moins sept jours. Il n'a que onze jours de congés résultant de la réduction du temps de travail. Mais surtout, cela introduit l'annualisation du temps de travail pour tous.

Autre litige, France Télécom continuera sa politique de diminution du personnel accompagné de restructurations à grande échelle ( plus de 40 000 personnes sur 145 000 doivent changer de métier ). Dans les trois années à venir, il n'y aura que 3000 embauches, incluant celles générées par les 35 heures pour 23 000 départs en retraite ou préretraite.

Les syndicats opposés à l'accord chiffrent à 15 000 l'embauche qui serait nécessaire pour une réelle application des 35 heures. Cela n'empêche pas Michel Bon d'affirmer : " France Télécom n'a fait aucun plan de licenciement et n'envisage pas d'en faire ". Bien sûr, il n'a pas encore la possibilité de licencier du personnel fonctionnaire.

Malgré trois grèves nationales qui ont été bien suivies, France Télécom a malgré tout conservé les principes généraux qu'elle cherchait à faire passer : flexibilité, annualisation, et arnaque sur le nombre de jours, même s'il y a eu de maigres avancées ( sur les nombres de jours, de 8 à 11 pour les 38 heures par exemple ).

Maintenant, la direction veut mettre en place des négociations locales, en particulier pour faire passer les nouveaux horaires, ou encore définir les périodes où le personnel pourra poser des jours de congés supplémentaires sans gêner le service !

On peut parier que, comme à La Poste, le personnel réagira, pour ne pas se laisser imposer les mesures inacceptables prévues dans l'accord national.

Partager