Les facteurs parisiens obligent la direction de la Poste à reculer04/02/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/02/une-1647.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les facteurs parisiens obligent la direction de la Poste à reculer

La Poste, afin d'émietter au maximum les réactions des postiers, a prévu de faire passer aux 35 heures chacun de ses 17 000 bureaux à une date différente. Pour ceux où cela n'est pas encore fait, et ils sont la majorité, elle s'était engagée à compenser par des jours de « repos compensateur » les heures effectuées au-delà des ,35 heures entre le premier janvier 2000 et la date de mise en application de ces 35 heures. Mais les 80000 facteurs ont eu droit à un traitement spécial. Au lieu de calculer ce dépassement sur la base de l'horaire légal, 37 heures à Paris et 39 heures en province, elle a attribué à chacun un horaire qu'elle appelle « effectif », en faisant suivre les facteurs sur leur tournée par des vérificateurs. C'est sur ces comptages, sous-estimant bien évidemment le temps de travail, que la direction entendait se baser pour calculer les compensations des facteurs.

Dans les bureaux, les réactions ont été vives, d'abord en province puis à Paris. Devant la perspective de voir la direction les compenser au rabais en leur disant que, d'après les accompagnements, ils ne faisaient pas beaucoup plus de 35 heures, les facteurs parisiens avaient fait leur compte. De 35 à 37 heures, cela faisait 2 heures par jour à compenser, un point c'est tout. Les mouvements en province, Besançon, Montpellier, Metz, étaient largement commentés.

Aussi, à partir du 24 janvier, après des assemblées générales beaucoup plus massives que d'habitude, certains bureaux décidèrent de débrayer pour réclamer leur dû, tandis que dans d'autres les facteurs arrêtalent tous ensemble le tri pendant 20 minutes par jour, histoire de réduire ainsi de fait le temps de travail.

Et rapidement, devant un mouvement qui faisait tache d'huile et risquait de s'étendre à tous les postiers, la direction fit machine arrière. L'un après l'autre les directeurs des bureaux en mouvement accordèrent tout ou partie des jours de repos demandés par les facteurs. L'annonce du succès dans un bureau renforçait d'ailleurs le mouvement dans les autres.

Aujourd'hui, dans les bureaux qui ont obtenu gain de cause, l'atmosphère a bien changé... dans le sens de la combativité. La direction de La Poste, qui avait tout fait pour diviser au maximum les postiers, a été trop loin avec son arnaque au temps de travail des facteurs. Elle a réussi à faire l'unanimité contre elle, et du coup chacun a pu voir qu'il était possible de la faire reculer à condition de réagir tous ensemble.

Après cela, les postiers se sentent d'autant plus forts pour résister à tous les mauvais coups, changements d'horaires imposés et réduction d'effectifs, qui accompagnent la mise en place des 35 heures.

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