La mise en place des 35 heures à La Poste se traduit entre autres, en ce début d'année, par une mesure qui illustre bien le fait que les 35 heures ne visent pas à l'amélioration des conditions de vie des postiers mais sont l'occasion pour La Poste de continuer ses réorganisations au détriment du personnel.

La Poste s'était en effet engagée à compenser aux postiers les heures supplémentaires faites au-delà des 35 heures dans les services qui ne seraient pas encore passés aux 35 heures au 1er janvier 2000. Mais au lieu de considérer l'horaire officiel des différents services, elle vient de décider à cette occasion une attaque en règle contre les facteurs - qui représentent le gros des effectifs de La Poste - en attribuant à chacun individuellement un temps de travail effectif, prétendument vérifié par " des accompagnateurs " qui se livrent depuis quelques mois à ces chronométrages, choisissant d'ailleurs souvent les jours les moins chargés. La Poste a raconté aux facteurs que c'était pour leur bien, pour parvenir à mieux équilibrer le travail entre les différents quartiers de distribution. On voit ce qu'il en est aujourd'hui.

La Poste se permet ainsi de prétendre que nombreux sont les facteurs qui font déjà les 35 heures, voire même moins. Elle n'aura donc rien à compenser pour eux et on comprend facilement qu'avec cette façon de compter - sur laquelle les facteurs n'ont strictement aucun contrôle - le passage aux 35 heures ne risque pas de créer des emplois, mais va au contraire en supprimer comme cela est déjà le cas dans un certain nombre de bureaux de poste où le passage aux 35 heures est déjà effectué.

Les postiers ont commencé à réagir à cette attaque et le mouvement de protestation continue à l'heure actuelle. C'est que La Poste, qui prend bien soin d'appliquer les 35 heures en ordre dispersé dans les différents bureaux de poste, à des dates différentes pour les guichets, les facteurs ou les centres de tri, a pris en ce début d'année une mesure générale sur la compensation des heures supplémentaires. Cela est apparu comme une brimade qui touche tous les facteurs du pays ! Les réactions que cela pourrait entraîner peuvent être l'occasion de mettre un coup d'arrêt aux incessantes suppressions de postes, au manque de personnel, à la dégradation des conditions de travail et du service rendu au public depuis des années.