Les trente mille tonnes d'hydrocarbures de l'Erika qui, se répandant dans l'Atlantique, rappellent que les pétroliers " dégazent " couramment en mer. On estime à un million de tonnes par an, l'ensemble des dégazages dans toutes les mers et océans du monde, plus de trente fois la cargaison de l'Erika !

Un pétrolier est infiniment plus dangereux lorsqu'il est vide que lorsqu'il est plein. Lorsqu'il est plein, il peut prendre feu, certes, mais à vide les citernes sont remplies de vapeurs dues aux résidus d'hydrocarbures et le navire peut alors exploser, ce qui est bien pire.

C'est pourquoi il faut impérativement " dégazer ", c'est-à-dire nettoyer les parois des cuves de tous les résidus qui restent après un déchargement. La plupart du temps, cela se fait en haute mer : on enlève les résidus à la lance à incendie, et ensuite tout part à la mer. Le pétrolier ne s'arrête pas, ne perd pas de temps. Et lors de catastrophes - comme celle de l'Erika - certains pétroliers en profitent pour " dégazer " en mer, ni vu ni connu...

Les autorités se disent impuissantes devant de telles pratiques. Comment intervenir en haute mer ? disent-elles.

En fait il serait très simple d'empêcher le " dégazage " en mer. Il suffirait d'imposer à tout pétrolier un " dégazage " à quai (il existe des stations de dégazage prévues à cet effet) après tout déchargement, avec interdiction de repartir tant que le dégazage n'aurait pas été effectué.

Il existe une réglementation maritime internationale, pourquoi ne pas adopter celle-là ? La conférence sur l'OMC n'aurait-elle pas pu par exemple mettre ce problème à l'ordre du jour, plutôt que de continuer à tolérer la mondialisation de la pollution provoquée par le refus des trusts du pétrole de restreindre un tant soi peu leurs profits, uniquement parce qu'ils ne veulent pas que leurs navires " perdent " quelques heures pour se nettoyer ?