Prisonniers politiques basques : Les Etats français et espagnol piétinent leurs propres lois10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Prisonniers politiques basques : Les Etats français et espagnol piétinent leurs propres lois

Lors d'une conférence de presse tenue le 16 novembre dernier, le député basque européen de Euskal Heritarok, Koldo Gorostiaga, soutenu par le Parti Nationaliste Basque (PNV) et l'Association des familles de prisonniers, réfugiés et déportés basques (Eusko Alakartasuna) a dénoncé le sort fait aux prisonniers politiques basques emprisonnés aussi bien dans les prisons espagnoles que françaises. Ces informations recoupent celles de la Ligue des droits de l'Homme, d'Amnesty International ou de l'Observatoire international des prisons (OIP).

Les associations de soutien aux prisonniers basques exigent d'abord que soit mis un terme à la dispersion qui rend leur vie carcérale encore plus éprouvante. Des militants nationalistes basques notamment d'ETA sont emprisonnés, certains depuis 1978, mais c'est depuis 1987 que l'Etat espagnol a mis en oeuvre une politique de dispersion de ces militants généralement arrêtés en groupe, afin d'essayer de briser des solidarités qui rendaient leur vie moins insupportable. Les prisonniers ont d'abord été dispersés par groupes de cinq à dix, puis isolés chacun dans un secteur de la prison.

Actuellement, quelque 550 prisonniers politiques basques sont ainsi dispersés dans 62 établissements. Les mesures de rapprochement mises en place récemment n'empêchent pas qu'une minorité seulement se trouve dans des prisons situées au Pays basque lui-même. Certains sont aux Canaries (archipel appartenant à l'Espagne, situé à 2 000 km au large de l'Afrique) ou encore à Ceuta et Melilla (Maroc espagnol). La grande majorité de la soixantaine de prisonniers basques emprisonnés en France le sont en région parisienne, un seul se trouve à Bayonne. La majorité de ces détenus sont dans l'isolement le plus complet. Dans de telles conditions, cela rend très difficile d'assurer leur défense judiciaire. Les avocats ne peuvent pas se réunir avec tous les accusés, pour établir une défense commune. Ils doivent parcourir des milliers de kilomètres pour rencontrer des prisonniers dispersés dans des prisons très éloignées.

L'éloignement des prisonniers rend les visites très difficiles, voire impossibles pour des parents dont l'état de santé ne permet pas de voyager ou pour qui les voyages sont trop coûteux. Dans les prisons espagnoles, les parloirs vitrés sont la règle. Il existe bien un type de visite où mari et femme peuvent se rencontrer pendant deux heures dans un local exigu et assez sordide, mais ces visites sont limitées, voire impossibles : un prisonnier n'a eu aucun contact avec sa compagne ni avec ses enfants pendant neuf ans. Enfin, en France, on ne connaît que le parloir.

Les limitations des droits s'étendent également à tout ce qui concerne la communication, la correspondance, la presse, les lectures. Les lettres sont lues, les conversations téléphoniques écoutées. Le nombre des lettres, en théorie illimité, est dans les fait restreint. Les publications politiques sont interdites alors qu'en droit, elles pourraient être autorisées, avec un contrôle de l'administration.

Sur le plan sanitaire enfin, il faut attendre des mois un examen médical. Les déplacements à l'hôpital se font dans de mauvaises conditions, menottés. L'intimité, le secret professionnel des médecins, la confiance dans le praticien, tout cela est bafoué. Parfois, il n'est tenu aucun compte des demandes de soins. Treize prisonniers sont morts dans ces conditions (dont deux dans des prisons françaises). Soins et régime alimentaire, quand ils sont prescrits, ne sont pas forcément mis en oeuvre en détention. En matière de soins dentaires, la prison ne connait que l'arrachage des dents. Pour les yeux, la surveillance ophtalmologique est inconnue. Enfin, sauf en cas de maladie grave, il est impossible, au nom des règles de sécurité, de demander l'avis d'un médecin extra-pénitentiaire. Un médecin extérieur est a priori un " courrier de l'ETA ".

Les associations de défense des prisonniers politiques basques luttent pour le respect des droits de la défense, mais aussi le droit à l'instruction, à la vie privée, à l'information, à l'intégrité physique et psychique, c'est-à-dire en définitive le droit au respect et à la dignité. Une protestation à laquelle nous ne pouvons que nous associer.

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