Pour les chômeurs des miettes, pour le grand patronat des cadeaux somptueux10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Pour les chômeurs des miettes, pour le grand patronat des cadeaux somptueux

Alors que la Bourse bat record sur record, traduisant les espoirs de profits toujours plus en hausse pour la période à venir, alors que se multiplient les annonces de fusions industrielles ou financières où des centaines de milliards sont en jeu, Martine Aubry, au nom du gouvernement, s'est sentie obligée de faire " un geste " vis-à-vis des chômeurs.

Lundi 6 décembre elle a annoncé un relèvement de 2 % de certains minima sociaux (RMI, ASS), une prime exceptionnelle pour certains chômeurs les plus démunis s'étalant en gros de 1 000 francs à 2 900 francs pour un couple avec quatre enfants. A cela s'ajoute un examen cas par cas de la situation des chômeurs à très faibles ressources pour une éventuelle annulation de leurs dettes fiscales.

Les six millions de personnes dont la survie dépend des minima sociaux sont dans une telle détresse matérielle qu'on ne peut pas dire que ces mesures seront sans conséquence pour elles. Mais le caractère dérisoire et minimal de la décision du gouvernement montre le mépris qu'ont ces gens-là pour la population travailleuse. Pour le titulaire de l'Allocation Spécifique de Solidarité, c'est-à-dire le chômeur qui a épuisé tous ses droits à une allocation chômage de l'Unedic, comme pour le RMIste, l'augmentation décidée correspond à 1,70 francs par jour, soit le prix d'une demi-baguette. Même les Restaurants du Coeur, qui ne vivent que des dons des particuliers, ont fait mieux. Mais au fond, peut-on attendre autre chose de Martine Aubry, ancienne adjointe de Gandois, ex-numéro 1 du syndicat des patrons et de Péchiney ?

Car il faut avoir du culot pour annoncer, " comme participation à la bonne situation actuelle ", selon ses termes, l'octroi de 2,7 milliards aux chômeurs les plus démunis, alors que le gouvernement Jospin, Martine Aubry en tête, distribue par centaines de milliards les cadeaux de toute nature aux entreprises, qui annoncent des profits records, et à toutes les classes riches par la voie de dégrèvements d'impôts de toutes sortes.

Le gouvernement Jospin ne fait rien contre le chômage. Comme ses prédécesseurs il se contente de manipuler les statistiques en vue de les faire baisser, ce qui n'empêche évidemment pas la misère de monter, même pour ceux qui ont un emploi et une paye partiels. La politique du gouvernement consiste en fait à tout faire pour aider les patrons, sur le plan des lois comme des aides matérielles, pour que ceux-ci puissent réduire le plus facilement possible les emplois. Vis-à-vis des victimes, des chômeurs, il se contente d'effets d'annonce en vue de tromper l'opinion publique sur la portée de sa politique.

En fait il n'y a rien à attendre du gouvernement Jospin-Aubry. Alors que pratiquement aucune famille n'est épargnée directement ou indirectement par le chômage, il faudra imposer de prendre sur les profits indécents engrangés par le grand patronat pour créer les emplois nécessaires, et bien évidemment garantir tout de suite à tous, chômeurs, comme salariés (précaires, à temps partiels imposés, et tous les autres), un revenu décent.

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