L.P Moulin-Fondu (Noisy-le-sec, 93) : Contre la violence, grève pour des moyens suffisants10/12/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/12/une-1639.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Divers

L.P Moulin-Fondu (Noisy-le-sec, 93) : Contre la violence, grève pour des moyens suffisants

Au LP Moulin-Fondu de Noisy-le-Sec, la montée du climat de violence était perceptible depuis des semaines : tags, crachats, extincteurs vidés, urine tous les jours dans les couloirs, vitres et matériel brisés, etc. Le travail du personnel d'entretien était de plus en plus éprouvant, de même pour les professeurs et les surveillants.

Ceux-ci sont de plus en plus souvent agressés par des jeunes, du lycée ou de l'extérieur, se promenant librement en son sein : vols de clés, de portefeuilles pendant les cours, crachats et oeufs projetés dans le dos des enseignants, menaces de mort par téléphone, agression physique à coups de boulons, professeurs menacés dont le garagiste découvre que les écrous de fixation de leurs roues de voiture ont été dévissés, etc.

Mardi 30 novembre, quatre jeunes ont pénétré dans une classe et commencé à s'attaquer à un des élèves à coups d'extincteur. Un professeur s'interposa et fut frappé. L'élève sortit un revolver pour tenir à distance ses quatre agresseurs. Il tentera ensuite de faire disparaître l'arme. Les surveillants seront menacés et l'un d'eux verra sa voiture fracturée en représailles.

Ce n'était pas le premier règlement de comptes entre bandes des cités qui s'affrontent à la sortie et dans le lycée depuis des semaines, et même des années. Il y a quatre ans, un surveillant avait été très gravement blessé par un élève armé d'un fusil.

Cette fois-ci, le personnel du lycée s'est mis en grève pour réclamer de véritables moyens pour tenter de limiter cette violence. Bien sûr, celle-ci est due à la dégradation des conditions de vie dans les cités où vivent les élèves : le chômage, la misère, le désespoir et la délinquance y progressent. Mais la position des responsables du rectorat, qui nous demandent de prendre en charge tous ces problèmes au sein de nos salles de cours, est inacceptable.

Sans moyens supplémentaires, avec de plus en plus de personnel en situation précaire, de très nombreux enseignants nommés dans cet établissement difficile pour un premier poste, il faudrait faire semblant de faire cours, gardienner les jeunes, et éviter ainsi qu'ils sèment le désordre à l'extérieur. C'est inacceptable.

Pour accroître le nombre d'adultes encadrant les élèves, le personnel réclame le dédoublement d'une quinzaine de classes, la multiplication par deux du nombre de surveillants, et le classement de l'établissement en zone d'éducation prioritaire (ZEP). C'est pour l'obtenir que nous nous sommes mis en grève reconductible et sommes allés au rectorat avec les élèves et les enseignants du lycée voisin, en grève pour les mêmes raisons.Après une semaine de grève, de visites à la mairie, au rectorat et au ministère, nous avons déjà obtenu une partie de ce que nous revendiquons : plusieurs postes supplémentaires de professeurs, de surveillants et d'emplois-jeunes. Cela nous encourage dans notre détermination. Nos revendications sont légitimes et leur acceptation toujours plus urgente : à proximité de notre établissement, la grève a rebondi mardi 7 décembre au collège et lycée Olympe-de-Gouges, à la suite d'une nouvelle agression physique contre un enseignant !

Partager